Walter Eucken, père de l'ordo-libéralisme
En zone euro la plupart des responsables financiers semblent avoir cédé à l'appel des sirènes de "l'assouplissement quantitatif", autrement dit de la planche à billets, d'autant que la pythie Yellen, présidente du Conseil des gouverneurs de la FED, est venue nous faire la leçon lors d'un récent colloque à Paris pour dénoncer les "do nothing" de Francfort qui seraient responsables à ses yeux du marasme de la zone euro.
Ainsi le néosocialisme (socialisme qui ne dit plus son nom et qui se donne pour capitalisme) s'est trouvé un nouvel ennemi : l'ordo-libéralisme.
L'ordo-libéralisme est cette ingénieuse doctrine qui fut adoptée officiellement par la République fédérale d'Allemagne dans les années 50 pour désintoxiquer en douceur les Allemands de l'Ouest qui sortaient de 70 ans de socialisme d'Etat.
Fustigeant le laissez-faire qu'ils se représentent comme dépourvu de règles, les ordo-libéraux font allégeance à la rhétorique sociale, à laquelle les Allemands ont été habitué depuis Luther, en mettant en avant le concept "d'économie sociale de marché", comme si le "marché" n'était pas en soi un lien social.
Mais aux yeux des néosocialistes ces gages ne suffisent pas car les ordo-libéraux, hantés comme tous les allemands par le spectre de l'effondrement du mark dans les années 20, s'obstinent - Jens Weidmann, président de la Buba, en tête - à bouder les "mesures non-conventionnelles" euphémisme pour qualifier le tonneau des Danaïdes de la création monétaire illimitée qui rythme la vie économique de l'Amérique et plus encore de son meilleur élève, le Japon, qui a aujourd'hui dépassé le maître.
Lundi matin, les soit-disant "marchés" s'attendaient à pouvoir prendre acte des merveilleux résultats de la politique inflationniste d'assouplissement quantitatif destinée à réduire la dette abyssale du Japon. Le consensus allait jusqu'à parier sur un PIB annuel révisé à 2,1% alors qu'il était à -7,3 et sur un PIB trimestriel à 0,5 alors qu'il était à -1,9 au trimestre précédent mais, contre toute attente, le PIB annuel japonais demeurait en territoire négatif à -1,6% comme le PIB trimestriel à -0,4%, ce qui réjouit M. Abe qui voit le yen en lambeaux flirter avec la barre des 118 dollars.
Qu'à cela ne tienne, la politique économique de M. Abe reste un modèle, quels que soient ses résultats, un point c'est tout. L'ordo-keynésianisme ne saurait se laisser émouvoir par les réalités économiques
Ainsi le néosocialisme (socialisme qui ne dit plus son nom et qui se donne pour capitalisme) s'est trouvé un nouvel ennemi : l'ordo-libéralisme.
L'ordo-libéralisme est cette ingénieuse doctrine qui fut adoptée officiellement par la République fédérale d'Allemagne dans les années 50 pour désintoxiquer en douceur les Allemands de l'Ouest qui sortaient de 70 ans de socialisme d'Etat.
Fustigeant le laissez-faire qu'ils se représentent comme dépourvu de règles, les ordo-libéraux font allégeance à la rhétorique sociale, à laquelle les Allemands ont été habitué depuis Luther, en mettant en avant le concept "d'économie sociale de marché", comme si le "marché" n'était pas en soi un lien social.
Mais aux yeux des néosocialistes ces gages ne suffisent pas car les ordo-libéraux, hantés comme tous les allemands par le spectre de l'effondrement du mark dans les années 20, s'obstinent - Jens Weidmann, président de la Buba, en tête - à bouder les "mesures non-conventionnelles" euphémisme pour qualifier le tonneau des Danaïdes de la création monétaire illimitée qui rythme la vie économique de l'Amérique et plus encore de son meilleur élève, le Japon, qui a aujourd'hui dépassé le maître.
Lundi matin, les soit-disant "marchés" s'attendaient à pouvoir prendre acte des merveilleux résultats de la politique inflationniste d'assouplissement quantitatif destinée à réduire la dette abyssale du Japon. Le consensus allait jusqu'à parier sur un PIB annuel révisé à 2,1% alors qu'il était à -7,3 et sur un PIB trimestriel à 0,5 alors qu'il était à -1,9 au trimestre précédent mais, contre toute attente, le PIB annuel japonais demeurait en territoire négatif à -1,6% comme le PIB trimestriel à -0,4%, ce qui réjouit M. Abe qui voit le yen en lambeaux flirter avec la barre des 118 dollars.
Qu'à cela ne tienne, la politique économique de M. Abe reste un modèle, quels que soient ses résultats, un point c'est tout. L'ordo-keynésianisme ne saurait se laisser émouvoir par les réalités économiques
Faute de prétendre imiter Shinzo Abe, engagé dans une politique de destruction massive du capital des épargnants japonais, les adorateurs européen de l'euro faible rêvent de pouvoir au moins emboîter le pas à la FED et, dans cette perspective, les conférences mensuelles de la BCE ne suffisent plus à Mario Draghi pour mener sa croisade contre l'euro fort.
Lundi 17 novembre, M. Draghi s'exprimait devant les parlementaires européen pour donner un nouveau coup de pouce à la baisse de l'euro.
Prenant des libertés avec le statut de la BCE qui prohibe en théorie toute monétisation de la dette, M. Draghi a laissé entendre pour la première fois que la BCE pourrait inclure la dette souveraine dans ses achats d’actifs. Il a d'abord déclaré timidement que « de nouvelles mesures de politique monétaire pourraient inclure de nouveaux types d’actifs achetés et une nouvelle répartition de ces achats » avant de s'enhardir à déclarer ouvertement que « les achats d’actifs pourraient inclure de la dette souveraine ». Rappelons que, pour l'heure, les achats d’actifs ne touchent que les ABS (asset-backed securities, une des formes les plus nocives de titrisation à l'origine de la crise dite des subprimes). Les achats de dette souveraine constitueraient une manière d'assouplissement quantitatif déguisé. La rhétorique de M. Draghi a eu un effet immédiat sur l’Euro qui était repassé au-dessus de la barre des 1.25 et qui rechutait alors à 1.2442.
Lundi 17 novembre, M. Draghi s'exprimait devant les parlementaires européen pour donner un nouveau coup de pouce à la baisse de l'euro.
Prenant des libertés avec le statut de la BCE qui prohibe en théorie toute monétisation de la dette, M. Draghi a laissé entendre pour la première fois que la BCE pourrait inclure la dette souveraine dans ses achats d’actifs. Il a d'abord déclaré timidement que « de nouvelles mesures de politique monétaire pourraient inclure de nouveaux types d’actifs achetés et une nouvelle répartition de ces achats » avant de s'enhardir à déclarer ouvertement que « les achats d’actifs pourraient inclure de la dette souveraine ». Rappelons que, pour l'heure, les achats d’actifs ne touchent que les ABS (asset-backed securities, une des formes les plus nocives de titrisation à l'origine de la crise dite des subprimes). Les achats de dette souveraine constitueraient une manière d'assouplissement quantitatif déguisé. La rhétorique de M. Draghi a eu un effet immédiat sur l’Euro qui était repassé au-dessus de la barre des 1.25 et qui rechutait alors à 1.2442.
Pour faire bonne mesure, le président de la BCE a laissé entendre également que le "taux EONIA ne devrait pas excéder 0,25% d'ici 2018", ce qui est une façon à peine voilée de dire que les taux directeurs de la BCE resteraient proche de 0% dans les années à venir et que le crédit demeurerait donc gratuit pour les banques (et non pour leurs clients naturellement).
Au reste, selon M. Draghi, « La BCE doit rester en alerte quant au risque de déflation », c'est-à-dire que la BCE doit continuer à veiller à ce que les consommateurs européens ne payent pas moins cher les produits de première nécessité.
La nuit portant conseil, les tradeurs se sont réveillés le lendemain en prenant conscience que, comme dit L'Ecclésiaste, il n'y avait "rien de nouveau sous le soleil", d'autant que, sur le coup de 11 heures, l'Indice allemand du ZEW allait confirmer la correction haussière de l'euro. L'indice du ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung, Centre de recherche économique européenne) du sentiment économique évalue les perspectives économiques sur six mois. Un niveau au-dessus de zéro est signe d'optimisme; et un niveau en-dessous est signe de pessimisme. Cet indicateur est compilé à partir d'un sondage effectué auprès d'environ 350 investisseurs industriels et analystes allemands.
L'indice du ZEW était attendu à 0,9 contre -3,6 précédemment et, contre toute attente, il était publié à 11,5 révélant l'optimisme forcené du patronat ordo-libéral allemand. Et l'euro de repasser au-dessus de 1.25, gommant l'effet Draghi de la veille.
Dans un tel désordre monétaire où en sont les spéculations du tradeur amateur ? Nous nous demandions dans notre dernier article si la publication des NFP, le vendredi 7 novembre allait confirmer la tendance baissière de l'euro ou la corriger. Les statistiques de création d'emploi non-agricoles s'avérant inférieures à la prévision (214 000 emplois créés contre 231 000 prévus) nous avons donc décidé de couper à 1.2412 la position short (à la baisse) que nous avions ouverte à 1.2480, engrangeant tout de même un profit de 68 pips. Cette inspiration était la bonne puisque les 1.2500 allait être repris dans les heures qui suivirent la publication des NFP.
Graphique 5 heures de la paire EUR/USD du 17 octobre au 20 novembre 2014
Nous avons ouvert une nouvelle position à 1.2524 à l'ouverture de la séance le dimanche 16 novembre à 23h, notant que la paire avait subi un mouvement purement technique de prises de bénéfices qui avait fait monté l'euro. La paire ne pouvait pas manquer de se recaler sur des niveaux plus conformes à la tendance baissière d'autant que Mario Draghi le lendemain 17 novembre à 15 heures jetait de l'huile sur le feu avec ses déclarations sur le rachat des dettes souveraines. Nous avons laissé courir cette position le 18 en prenant tout de même la précaution de redescendre notre stop loss au point d'entrée gageant que la paire allait docilement réintégrer son canal baissier. Mais c'était compter sans la surprise de l'indice du ZEW allemand qui allait à nouveau donner un coup de main aux bulls et clôturer notre position à son point d'entrée annulant nos gains de la veille.
Graphique horaire de la paire EUR/USD du 17 octobre au 20 novembre 2014
Comme celles de Mario Draghi, mes mesquines spéculations ont donc été victimes du Dolchstoß in den Rücken (coup de poignard dans le dos) asséné par l'indice du ZEW : l'ordo-libéralisme, voilà l'ennemi de l'euro faible !
Michel Leter
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire