Je viens de terminer les index nominum et rerum du
premier livre de mon Capital et je n’ai donc plus d’alibi pour négliger ce
blog.
Je tâcherai donc dorénavant de tenir une chronique régulière de ma prétention à savoir naviguer dans "le ventre de la bête" qui
n’est plus guère navigable même pour les professionnels tant les perturbations
introduites par les mesures dites « non conventionnelles » des banques
centrales sont dantesques.
Fin mai, j’avais laissé l’euro à 1.3745 dollars et le
voici à 1.2500. Que s’est-il passé pendant que je m’évertuais à définir ce que
la politique monétaire détruit, le capital ?
Comment se fait-il qu’entre deux fausses monnaies qui
ne valent rien le taux de change puisse varier à ce point alors que tant la
zone euro que les États-Unis connaissent un endettement insensé et une
croissance anémique ?
L’économie n’est pas encore une science car elle
s’entête à imiter les sciences de la nature alors que sa matière est l’homme,
que comme le résumait Yves Guyot, le capital c’est l’homme. A ceux qui rêvent
que l’économiste puisse répondre à notre question, rappelons que Paul Krugman,
Prix Nobel d’économie mais surtout chroniqueur influent à la Pravda du
néosocialisme (socialisme qui se donne pour capitalisme), le New York Times, est allé récemment au Japon
pour apporter sa caution à la politique délirante d’injection de liquidités du
Premier ministre Abe.
Mais l’économie, à défaut d’être devenue la science
qu’elle promettait d’être au XIXe siècle, est au moins un art. Celui
qui sait en économie n’est pas l’universitaire mais l’entrepreneur car on ne peut
pas connaître sans pratiquer. Pour étudier le Forex, le plus grand marché du
monde (dont le volume d'échange journalier de 4000 milliards de dollars est équivalent au PIB annuel de l'Allemagne !), il me faut donc prendre des risques que je vais m’efforcer de limiter en
n’engageant que 1000 dollars de capital car mon ambition n’est pas de gagner de
l’argent mais de ne pas trop en perdre et d’apprendre en faisant (learning by doing), ce que les
économistes institutionnels ne veulent surtout pas envisager car s’ils risquaient
leur capital en appliquant les modèles qu’ils fabriquent, ils deviendraient bien
vite prolétaires. Ils se contentent donc d’apporter leur caution scientifique à
la spoliation légale qui permet aux Etats d’empêcher que l’homme capitalien
devienne capitaliste en le prolétarisant par la spoliation légale, ce qui
permet d’en faire un client «durable ».
Le Forex est un champ passionnant pour le moraliste car l’on y perd plus
qu’on y gagne si on a « la prétention de savoir », si l’on se borne à
faire de la prospective au lieu de tenir pour acquis qu’on ne sait rien. De ce
point de vue, et de ce point de vue seulement, c’est donc un
« marché » hayékien.
Mon capital est de 1000 dollars et les principes du « money
managment » (rapport capital/risque) m'autorisent à acheter pour 20 000 dollars à
chaque ouverture de position et de gagner ou de perdre quelques dizaines de
dollar sur des positions quotidiennes (intraday)
et plusieurs centaines de dollars en pertes ou en profit sur des positions de
quelques semaines (swing trading).
Il faut d’abord reconnaître que techniquement, une
cassure franche des 1.2500 serait un signe baissier d'envergure car ce niveau a servi du
support pour une hausse durable de l’euro a bien de reprises. Il suffit de
jeter un coup d’œil sur le graphique hebdomadaire pour remarquer que le rallye
baissier de l’euro, qui a commencé en juin dernier a trouvé sur les 1.25 une
zone de support solide, le dernier rebond ayant atteint les 1.2840, devenu zone
de résistance alors que dans le précédent mouvement haussier elle faisait
office de zone de support. La paire EUR/USD a rebondi à la baisse sur cette zone et actuellement
elle teste à nouveau le support de 1.2500. Les supports suivants sont sur
1.2250 et 1.2000, zones que l’on peut prendre comme objectif pour un trade.
Je jette un coup d’œil du côté des positions en cours
prises par les grandes banques qui dictent la tendance en connivence avec les
banques centrales sur ce que l’on appelle improprement le « marché des
devises » : la tendance est à la vente. Le 31 octobre 2014, JP
Morgan à ouvert une position à la vente (short) à 1.2521 sans communiquer son
objectif, avec une limite de perte (stop loss, abrégé par SL en jargon) de
1.2800 ; le même jour BNP Paribas est entré à 1.2520 à la vente avec
l’objectif (take profit, abrégé par TP en jargon) de 1.1800 avec un stop loss (SL)
à 1.2800 ; le 28 octobre Morgan Stanley avait pris deux positions toutes
les deux à 1.2750 mais la première vise 1.2400 tandis que la seconde vise
1.2000. Toutes les deux ont un stop à 1.2800. Citi était entré dès le 21
octobre à 1.2771 à la vente avec un TP à 1.2200 et un SL à 1.3100.
Le Crédit Agricole est la seule grande banque dont la
position soit actuellement perdante car elle est entrée à l’achat le 10 octobre
lorsque l’euro était à 1.2660 avec un TP à 1.3100 et un SL à 1.2350.
Ce pari du Crédit agricole qui n’est pas dénué d’un bon
sens (près de ses sous et non pas près de chez vous) dont le pseudo-marché
préfère ne pas tenir compte tant l’insécurité entretenue par les politiques
« non conventionnelles » des banques centrales pèse sur la
rationalité des choix. Le Crédit
agricole après la publication du texte du FOMC annonçant la fin du QE 3 a
décidé de maintenir sa position « longue » (haussière) en publiant un
réjouissant communiqué intitulé
« Attention à vous les
baissiers !
« Nos analystes ont décrit le communiqué du FOMC
la semaine dernière en disant « moins dovish ne signifie pas plus
hawkish ».
« La performance robuste des treasuries US suite au
FOMC suggère que les traders d’obligations (Bonds, treasuries..) sont du même
avis, ce qui contraste avec le rallye du dollar.
Est-ce que ce rallye du dollar est exagéré ?
Nous pensons que oui et maintenons notre position haussière EUR/USD du 10
octobre (achat sur 1.2660, objectif 1.31 et un stop loss sur 1.2350).
En effet, étant donné la forte relation inverse sur
les corrélations journalières entre EUR/USD et les treasuries US au cours des
dernières semaines, l’absence de hausse des taux d’emprunt US devrait être
interprété comme un avertissement pour les EUR/USD bears. »
(les
« bears » désignent les baissiers).
L’observation est pertinente et nous reviendrons plus
longuement sur la mystérieuse mention « temps considérable » réitérée
par la FED à propos de l’augmentation des taux qui aujourd’hui semble repoussée
aux calendes grecques. La « divergence » entre la politique de la FED et de la BCE est plus cosmétique que ne
le laissent croire les « ours », les baissiers (dont je suis sans
vraiment y croire car sur ce "marché" de Panurge, il faut bien s'efforcer de suivre la tendance).
Notant vendredi soir, 31 octobre, que l’EUR/USD flirtait avec le
support, j’ai fini par rejoindre les ours en passant dimanche soir 2 octobre à la
réouverture des cours un ordre de limite à 1.2480, soit 20 pips sous le support
majeur du graphique ci-dessus, avec un TP à 1.2000. Idéalement il faudrait
placer le SL sur la résistance des 1.2840 mais je n’ai pas assez de capital
pour prendre une telle marge. En me rabattant sur le graphique de 5 heures je
note qu’il y déjà des résistances à casser qui invalideraient le scénario
baissier dès 1.2675. Je choisis donc cette valeur comme SL.
L’ordre s’est déclenché dans la nuit du lundi 3 novembre. On aurait pu
croire à une cassure franche mais, peut être un effet du vieil adage selon
lequel il est vain de vendre un lundi, la devise après avoir atteint un creux
sur 1.2440 a rebondi fortement avant de remonter sur le support des 1.2500 en
fin de journée, ce qui m’a fait naturellement regretter de ne pas avoir, au lieu de me
concentrer sur la position « swing », passé des ordres
« intraday » short (à la vente) à partir de la cassure et long (à
l’achat) à partir du support intraday. Preuve que ce rebond était révélateur de
l’incertitude du « marché », l’euro est monté alors que les statistiques
publiées ce lundi auraient dû le pousser à la baisse. En effet l'indice des directeurs d'achat (PMI) du secteur
manufacturier allemand attendu à 51,8 avait été publié le matin à
51,4, en deçà des attentes du marché tandis que l'indice
des directeurs d'achat (PMI) américains de l'institut de gestion des
approvisionnements (ISM) attendu à 56,2 avait dépassé l’après-midi les
attentes du marché à 59,0.
La semaine sera marquée par deux événements majeurs.
La réunion mensuelle de la BCE, jeudi 6 novembre, dont le rite consiste à faire
suivre l’annonce des taux directeurs par une conférence de presse de l’oracle
Draghi destinée à stimuler la volatilité et la fièvre spéculatrice sur la paire
euro/dollar (EUR/USD en jargon) par quelques actes de langage ciblés, et la
publication mensuelle vendredi 7 novembre des fameuses NFP (abréviation de Non
Farm Payrolls, « salaires non agricoles » aux États-Unis) qui sont susceptibles
également de provoquer de vastes mouvements, à la hausse comme à la baisse. Nous
saurons alors si la cassure des 1.2500 est durable.
Mario Draghi s’est évertué ces derniers mois à
entretenir l’idée d’une divergence de politique entre la FED et la BCE en
faisant miroiter des formes larvées d’assouplissements quantitatifs (en jargon quantitative easing) alors que la FED
laissait entendre que le QE 3 allait toucher à son terme en octobre.
On ne doute pas que M. Weidmann, directeur de la
Bundesbank, aura appelé M. Draghi pour le prier de mettre la pédale douce.
Angela Merkel n’a-t-elle pas déclaré une bonne fois pour toute que l’euro (pour
ne pas faire regretter le mark) avait vocation à fluctuer entre 1.30 et 1.40
dollars pour 1 euro ? En deçà la monétisation de la dette devient trop
voyante.
L’effervescence a commencé dès hier, mardi 4 novembre, sous la forme
toujours d’un acte de langage. Cette fois-ci, il s’agit d’une rumeur diffusée
par l’agence Reuter qui a poussé l’euro à la hausse jusqu’à 1.2577, à - 97 pips
du point d’entrée de notre trade. Selon Reuters, les gouverneurs de la BCE auraient
l’intention de faire savoir à M. Draghi qu’ils n’ont pas apprécié son
initiative d’annoncer un objectif de 3000 Mds pour le bilan de la BCE. Draghi a
non seulement omis d’en faire part aux gouverneurs de la BCE avant la dernière
conférence de la BCE mais surtout à Jens Weidmann, qui préside la Bundesbank.
Les Allemands sont bien placés pour juger le mythe
d’un euro faible qui favoriserait les exportations. Ils savent que la
productivité et l’innovation qui permettent de soutenir un haut niveau
d’exportation sont les fruits du capital et qu’une érosion de l’euro par le QE
larvé vers lequel semble se diriger la BCE, entame le capital qui, par défaut,
se mesure en monnaie, et donc tarit l’investissement. Bien que la France ait
pris la tête des pays du Sud qui militent pour un QE à l’américaine et une
monétisation de la dette, contraires aux statuts de la BCE, on a la bonne
surprise d’apprendre que Christian Noyer, président de la Banque de France, a voté avec Jens Weidmann contre la
décision d’acheter des ABS (Asset-backed securities), créances pourries qui
transforment la BCE en « bad bank » sur le mode de la FED.
On ne doute pas que la
poétique de l’oracle Draghi fera de nouvelles merveilles jeudi pour rendre à
nouveau crédibles ses velléités d’assouplissement quantitatif à moins que les
«marchés» ne se lassent d’être dupés à chaque conférence de la BCE
mais rien n’est moins sûr…
Graphique horaire des mouvements sur la paire EUR/USD du mercredi 29-10 au mardi 4-11
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