mercredi 26 novembre 2014

Croissance américaine : ce que Le Monde d'aujourd'hui ne dit pas




Soucieux, à l'instar de M. Draghi, d'accréditer l'idée d'une divergence entre les économies américaine et européenne pour mieux préparer l'opinion à l'adoption d'un QE (quantitative easing, "assouplissement quantitatif", euphémisme utilisé pour désigner l'usage immodéré de la planche à billet), Le Monde d'aujourd'hui titre à la une "Croissance : l'Europe laissée sur place par le décollage américain".
Cette opinion tranchée fait suite à l'annonce, ce mardi 25 novembre, des chiffres trimestriels actualisés mensuellement du PIB américain attendus à 3,3% et publiés à 3,9%.
Il n'en faut pas plus pour enflammer les plumes au Monde qui claironne que "La croissance des Etat-Unis s'envole" et qu'elle "a atteint 4,6% et 3,9% lors des deux derniers trimestres" et "qu'il s'agit de la meilleure performance depuis 2003". 
Or les 4,6% et les 3,9% ne sont que les sommets des estimations mensuelles comme l'atteste le tableau annuel ci-dessous.
PIB AMERICAIN TRIMESTRIEL 

Actuel:3,9% 
Prévue:3,3% 
Date de sortieHeureActuelPrévuePrécédent
Oct. 30, 201413:30  3,5%3,0% 4,6%
Sep. 26, 201413:304,6%4,6% 4,2%
Août 28, 201413:30  4,2%3,9% 4,0%
Jui. 30, 201413:30  4,0%3,0% -2,1%
Juin 25, 201413:30-2,9%-1,7% -1,0%
Mai 29, 201413:30  -1,0%-0,5% 0,1%
Avr. 30, 201413:30  0,1%1,2% 2,6%
Mars 27, 201413:302,6%2,7% 2,4%
Fév. 28, 201414:30  2,4%2,5% 3,2%
Jan. 30, 201414:30  3,2%3,2% 4,1%
Déc. 20, 201314:304,1%3,6% 3,6%
Déc. 05, 201314:30  3,6%3,0% 2,8%
Source fr.investing.com

On observe dans ce tableau que, le PIB, "la croissance" comme dit Le Monde, a été inférieure aux attentes au premier semestre et qu'elle était encore négative en juin.
Comparé à ces brillants résultats, Le Monde met en exergue  la stagnation de la zone euro (0,1% et 0,2%) qui "souffre du surendettement des Etats et d'un chômage massif".

Si vous pensez que Le Monde condamne le surendettement en soi c'est que vous avez mal lu car il suffit d'ouvrir le "cahier éco" en pages intérieures pour comprendre que ce qui est condamnable ce n'est pas l'endettement en soi mais l'endettement qui ne s'accompagne pas d'un QE, c'est-à-dire qui n'est pas un prétexte pour faire tourner la planche à billet.  L'endettement américain, pour Le Monde, est vertueux car il est censé diluer par la création monétaire ex nihilo la valeur de la monnaie donc aussi celle de l'endettement dû aux politiques "sociales" et militaires de l'Etat providence, fût-ce au prix de la destruction du capital formé par les individus (qu'importe puisque l'individu et le capital sont les deux ennemis jurés de l'hyperclasse représentée par Le Monde). Pourtant, en matière d'endettement, on le sait, les Etats-Unis n'ont pas de leçons à donner à l'Europe, ni même au plus endetté de ses membres, la France. En effet, on se souvient que le plafond de la dette américaine a été porté à 16700 milliards de dollars en octobre 2013. Ce mercredi 26 novembre, elle s'élève à 17957 milliard de dollars, soit 56234 dollars par américain et 153390 dollars par contribuable. La dette française se monte ce jour à 2079 milliards d'euros (soit 2500 milliards de dollars), la dette par Français n'est donc que de 31000 euros soit 38000 dollars. Pourtant Le Monde nous répète que c'est la France qui va mal et qui est au bord de la faillite alors que l'Amérique, patrie désignée du capitalisme, affiche une santé resplendissante. On trouve la réponse à ce paradoxe dans le panégyrique de l'interventionnisme américain fait par Claire Guélaud sous l'euphémisme de "pragmatisme" en prêtant son raisonnement à "l'expert" Jean-Michel Boussemart de COE-Rexecode. En réponse à la crise des supprimes en 2008, "les Etats-Unis qui ne sont pas contraints par un pacte de stabilité, laissent évoluer leurs déficits publics au fil de l'eau et n'imposent pas un surcroît d'austérité à leur population."
Comme c'est bucolique, les déficit publics "au fil de l'eau" alors qu'ils vont à vau-l'eau !
Tandis que l'UE, applique dès 2011 "des politiques très restrictives. La BCE augmente ses taux d'intérêt en avril et en juillet". Effectivement, les taux ont été augmentés de 1% à 1,25% en avril 2011 et furent portés à 1,50% en juillet 2011 mais ce que Le Monde omet de préciser que depuis, ils n'ont cessé de baisser - 1% en décembre 2011, 0,75% en juillet 2012, 0,50% en mai 2013, 0,25% en novembre 2013, 0,15% en juin 2014 et 0,05% depuis septembre 2014 - le crédit est donc gratuit pour les banques en Europe comme aux Etats-Unis et si l'on suppose comme Le Monde que la baisse artificielle des taux par les banques centrales est en soi bonne pour l'économie, on ne saurait imputer le marasme européen à la hausse de ces mêmes taux puisqu'ils n'ont cessé de baisser depuis décembre 2011.

Mais ce que Le Monde se garde bien de commenter, c'est le comportement singulier du dollar sur le pseudo-marché des changes où nous opérons, le FOREX après la publication des chiffres du PIB. En bonne logique, l'augmentation du PIB américain, si elle avait été prise au sérieux par le pseudo-marché des changes aurait donc dû faire monter le dollar et donc baisser l'euro. Or on a pu observer le mouvement inverse. L'euro a poursuivi son mouvement de correction à la hausse, à contre-courant des actes de langage de M. Draghi, preuve que le marché des changes, celui de la fausse monnaie, n'a salué cette importante statistique que par une salve de scepticisme.
Le rôle d'un journal d'information comme Le Monde est de nous expliquer les raisons de ce scepticisme mais comme ces éclaircissements risqueraient de jeter un doute sur le bien fondé de la création monétaire ex nihilo, le journal du soir a fermé les yeux. La raison de cette hausse contre toute logique apparente est que contrairement à ce que donne à penser la une du Monde, c'est bien l'indice du PIB qui est en hausse et non celui de la croissance. La nuance n'est pas une argutie car si le PIB américain est aussi haut c'est d'abord que l'endettement qui, en vertu des principes keynésiens, entre dans le calcul du PIB, ne diminue pas et donc soutient le PIB. Sans cette dette abyssale de 17957 milliard de dollars, ce château de sable sur lequel est construit l'illusion de la puissance des Etats-Unis, l'augmentation du PIB serait probablement proche du taux 0 à l'image de "la croissance" européenne. On parlerait alors de marasme alors qu'il tombe sous le sens que seule une Amérique débarrassée de son déficit budgétaire et du poids insupportable de sa dette serait vraiment en mesure de prendre un nouvel essor, d'où la baisse du dollar mardi après la proclamation des chiffres du PIB qui ne suscitent plus visiblement que l'enthousiasme du journal Le Monde

Au milieu de ce désordre monétaire, ce mardi 25 novembre, nous avions tenu absolument à prendre un pose logique en ouvrant une position à la baisse à 1.2430 avec un objectif à 1.2400. Or l'euro n'a baissé que jusqu'à 1.2403, à 3 pips de notre objectif avant de remonter brutalement après la publication du PIB à 14h30 et, à 16h, de l'indice des consommateurs américains, attendu à 95,9 et publié à 88,7 alors qu'il était précédemment de 94,1. Le marché réagissait à cette statistique négative alors qu'il s'était montré rétif à la nouvelle d'un PIB négatif. Tout se passe donc comme si le mouvement haussier était plus qu'une correction et qu'il ne réagissait plus à l'illusion des statistiques américaines que lorsqu'elles sont négatives, ce que nous avons payé mardi 25 novembre d'une perte de 30 pips, la paire ayant atteint notre "stop loss" à 1.2460. Aujourd'hui, mercredi 26 novembre, l'eurodollar est repassé au-dessus de la résistance des 1.2500 qui consolide en menaçant de devenir un nouveau support pour une poursuite de la hausse de l'euro : il y avait sans doute une manière plus courtoise de saluer la une du Monde !

EUR/USD graphique horaire du 20 au 27 novembre 2014


lundi 24 novembre 2014

Baisse de l'euro : le Crédit agricole gâche la fête


Après la chute brutale de l'euro sous les 1.24 vendredi par le seul effet de la rhétorique "dovish" (favorable à l'assouplissement quantitatif) de M. Draghi, on pouvait s'attendre à ce que les "marchés" se réveillent lundi à la réouverture des cours avec la "gueule de bois" et que l'euro soit corrigé par les "bulls".
Nous avons donc passé un ordre différé dimanche soir à 1.2410 en direction des 1.2440. Dans le cas où la planète finance tarderait à se dégriser, nous avons pris la précaution de prévoir un autre ordre différé "short" (à la vente) à 1.2340 en direction du support des 1.2300.

Ce lundi, la publication de l'indice IFO du climat des affaires allemand ne tardait pas, dès 10 heures, à décanter la situation. Cet indice évalue le climat des affaires en Allemagne à un moment précis et mesure les attentes établies pour les 6 prochains mois. Il s'appuie sur un sondage effectué auprès de fabricants, de constructeurs et de vendeurs en gros et au détail. Attendu à 103,0, en recul par rapport à l'indice précédent publié à 103,2, l'indice IFO a été publié à 104,7, ce qui a poussé l'euro et déclenché notre ordre. Le mouvement s'essoufflant nous avons jugé plus prudent de fermer notre position dans le courant de l'après-midi à 1.2436 avec 26 pips de profit. La paire EUR/USD n'ira pas plus haut que 1.2444 au cours de la journée.  

                                        EUR/USD 24-11-2014 graphique 15 minutes

Les gouverneurs "hawkish" de la BCE ont profité de ce climat pour contrer les actes de paroles de M. Draghi par d'autres actes de paroles. C'est d'abord Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, qui a rappelé que les obstacles légaux à la mise au point d'un QE (assouplissement quantitatif) alimenté par le rachat de dettes souveraines sont nombreux et sont loin d'être levés. Il a été rejoint par le gouverneur Nowotny qui a jugé ce matin que la BCE ne devrait pas envisager de nouveaux assouplissements monétaires avant la fin du premier trimestre.
Voilà qui apporte de l'eau au moulin du Crédit agricole, la seule grande banque qui refuse obstinément de se joindre au concert des "bears" (les baissiers) qui ont ouvert des positions "swing" (sur une longue durée) vers les 1.2200, voire les 1.2000. 
Le Crédit agricole a fait preuve d'une singulière irrévérence en laissant entendre aujourd'hui qu'il doutait que M. Draghi puisse conserver son crédit et soutenir la baisse de l'euro en continuant à faire des déclarations qui ne sont toujours pas suivies d'actes. Le Crédit agricole recommande donc de jouer la correction en direction des 1.2680 mais, naturellement, c'est compter sans le consensus mou des pseudo-marchés financiers qui plutôt que "le bon sens près de chez vous" préfèrent suivre le dernier banquier central loin de tout.

Michel Leter   




dimanche 23 novembre 2014

La Blitzkrieg de super Mario



Ce que nous disions mercredi de la multiplication des actes de langage de Draghi pour faire artificiellement baisser l'euro s'est confirmé plus vite que prévu. 

En effet, dès la matinée de vendredi, le président du conseil des gouverneurs de la BCE a réagi à l'effet ZEW, lequel menaçait de faire monter l'Euro jusqu'à la ligne des 50% de retracement Fibonnacci qui a semblé un temps aimanter la paire EUR/USD.
Intervenant au cours du congrès bancaire européen, M. Draghi a mis le feu aux poudres en distillant une de ces petites phrases dont il a le secret : "Nous sommes prêts à recalibrer l'ampleur, le rythme et la composition de nos achats [d'actifs] si nécessaire pour remplir notre mandat" et ce "sans délai indu", ajoutant qu'il était "essentiel de rapprocher l'inflation en zone euro de son objectif et ce sans délai" (source AFP).
La perspective de voir la BCE procéder à des rachats d'actifs constitués essentiellement d'obligations d’État des pays de la zone euro en difficulté pèse sur l'euro car le rachat de ces actifs risqués équivaudrait à des injections de liquidités dans le système financier, ce qui aurait pour effet de diluer la valeur de la devise.


Jouant la tendance plutôt que la correction, nous avions placé un ordre d'achat différé à 1.2490 avec un "take profit" à 1.2455 car si la tendance reste à la baisse nous n'avions pas  été averti de ce discours de Draghi et nous ne pouvions donc pas anticiper la cassure brutale qui allait en résulter. A peine super Mario avait-il ouvert la bouche, que notre position se déclenchait et que l'euro glissait vers sous les 1.2400, vendredi soir : au lieu de prendre 150 pips de profit nous n'avons donc enregistré que 35 pips car nous voulons trop avoir raison, nous ne mesurons jamais assez la naïveté des pseudo-marchés financiers à l'égard des acrobaties verbales de M. Draghi.


graphique 15 minutes du 21 novembre 2014

jeudi 20 novembre 2014

L'ordo-libéralisme, voilà l'ennemi !

Walter Eucken, père de l'ordo-libéralisme


En zone euro la plupart des responsables financiers semblent avoir cédé à l'appel des sirènes de "l'assouplissement quantitatif", autrement dit de la planche à billets, d'autant que la pythie Yellen, présidente du Conseil des gouverneurs de la FED, est venue nous faire la leçon lors d'un récent colloque à Paris pour dénoncer les "do nothing" de Francfort qui seraient responsables à ses yeux du marasme de la zone euro.

Ainsi le néosocialisme (socialisme qui ne dit plus son nom et qui se donne pour capitalisme) s'est trouvé un nouvel ennemi : l'ordo-libéralisme. 

L'ordo-libéralisme est cette ingénieuse doctrine qui fut adoptée officiellement par la République fédérale d'Allemagne dans les années 50 pour désintoxiquer en douceur les Allemands de l'Ouest qui sortaient de 70 ans de socialisme d'Etat.

Fustigeant le laissez-faire qu'ils se représentent comme dépourvu de règles, les ordo-libéraux font allégeance à la rhétorique sociale, à laquelle les Allemands ont été habitué depuis Luther, en mettant en avant le concept "d'économie sociale de marché", comme si le "marché" n'était pas en soi un lien social.

Mais aux yeux des néosocialistes ces gages ne suffisent pas car les ordo-libéraux, hantés comme tous les allemands par le spectre de l'effondrement du mark dans les années 20,  s'obstinent - Jens Weidmann, président de la Buba, en tête - à bouder les "mesures non-conventionnelles" euphémisme pour qualifier le tonneau des Danaïdes de la création monétaire illimitée qui rythme la vie économique de l'Amérique et plus encore de son meilleur élève, le Japon, qui a aujourd'hui dépassé le maître.

Lundi matin, les soit-disant "marchés" s'attendaient à pouvoir prendre acte des merveilleux résultats de la politique inflationniste d'assouplissement quantitatif destinée à réduire la dette abyssale du Japon. Le consensus allait jusqu'à parier sur un PIB annuel révisé à 2,1% alors qu'il était à -7,3 et sur un PIB trimestriel à 0,5 alors qu'il était à -1,9 au trimestre précédent mais, contre toute attente, le PIB annuel  japonais demeurait en territoire négatif à -1,6% comme le PIB trimestriel à -0,4%, ce qui réjouit M. Abe qui voit le yen en lambeaux flirter avec la barre des 118 dollars.
Qu'à cela ne tienne, la politique économique de M. Abe reste un modèle, quels que soient ses résultats, un point c'est tout. L'ordo-keynésianisme ne saurait se laisser émouvoir par les réalités économiques


Faute de prétendre imiter Shinzo Abe, engagé dans une politique de destruction massive du capital des épargnants japonais, les adorateurs européen de l'euro faible rêvent de pouvoir au moins emboîter le pas à la FED et, dans cette perspective, les conférences mensuelles de la BCE ne suffisent plus à Mario Draghi pour mener sa croisade contre l'euro fort.

Lundi 17 novembre, M. Draghi s'exprimait devant les parlementaires européen pour donner un nouveau coup de pouce à la baisse de l'euro.
Prenant des libertés avec le statut de la BCE qui prohibe en théorie toute monétisation de la dette, M. Draghi a laissé entendre pour la première fois que la BCE pourrait inclure la dette souveraine dans ses achats d’actifs. Il a d'abord déclaré timidement que « de nouvelles mesures de politique monétaire pourraient inclure de nouveaux types d’actifs achetés et une nouvelle répartition de ces achats » avant de s'enhardir à déclarer ouvertement que « les achats d’actifs pourraient inclure de la dette souveraine »Rappelons que, pour l'heure, les achats d’actifs ne touchent que les ABS (asset-backed securities, une des formes les plus nocives de titrisation à l'origine de la crise dite des subprimes). Les achats de dette souveraine constitueraient une manière d'assouplissement quantitatif déguisé. La rhétorique de M. Draghi a eu un effet immédiat sur l’Euro qui était repassé au-dessus de la barre des 1.25 et qui rechutait alors à 1.2442.

Pour faire bonne mesure, le président de la BCE a laissé entendre également que le "taux EONIA ne devrait pas excéder 0,25%  d'ici 2018", ce qui est une façon à peine voilée de dire que les taux directeurs de la BCE resteraient proche de 0% dans les années à venir et que le crédit demeurerait donc gratuit pour les banques (et non pour leurs clients naturellement).

Au reste, selon M. Draghi, « La BCE doit rester en alerte quant au risque de déflation », c'est-à-dire que la BCE doit continuer à veiller à ce que les consommateurs européens ne payent pas moins cher les produits de première nécessité.

La nuit portant conseil, les tradeurs se sont réveillés le lendemain en prenant conscience que, comme dit L'Ecclésiaste, il n'y avait "rien de nouveau sous le soleil", d'autant que, sur le coup de 11 heures, l'Indice allemand du ZEW allait confirmer la correction haussière de l'euro. L'indice du ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung, Centre de recherche économique européenne) du sentiment économique évalue les perspectives économiques sur six mois. Un niveau au-dessus de zéro est signe d'optimisme; et un niveau en-dessous est signe de pessimisme. Cet indicateur est compilé à partir d'un sondage effectué auprès d'environ 350 investisseurs industriels et analystes allemands. 
L'indice du ZEW était attendu à 0,9 contre -3,6 précédemment et, contre toute attente, il était publié à 11,5 révélant l'optimisme forcené du patronat ordo-libéral allemand. Et l'euro de repasser au-dessus de 1.25, gommant l'effet Draghi de la veille.
Dans un tel désordre monétaire où en sont les spéculations du tradeur amateur ? Nous nous demandions dans notre dernier article si la publication des NFP, le vendredi  7 novembre allait confirmer la tendance baissière de l'euro ou la corriger. Les statistiques de création d'emploi non-agricoles s'avérant inférieures à la prévision (214 000 emplois créés contre 231 000 prévus) nous avons donc décidé de couper à 1.2412 la position short (à la baisse) que nous avions ouverte à 1.2480, engrangeant tout de même un profit de 68 pips. Cette inspiration était la bonne puisque les 1.2500 allait être repris dans les heures qui suivirent la publication des NFP.


Graphique 5 heures de la paire EUR/USD du 17 octobre au 20 novembre 2014



Nous avons ouvert une nouvelle position à 1.2524 à l'ouverture de la séance le dimanche 16 novembre à 23h, notant que la paire avait subi un mouvement purement technique de prises de bénéfices qui avait fait monté l'euro. La paire ne pouvait pas manquer de se recaler sur des niveaux plus conformes à la tendance baissière d'autant que Mario Draghi le lendemain 17 novembre à 15 heures jetait de l'huile sur le feu avec ses déclarations sur le rachat des dettes souveraines. Nous avons laissé courir cette position le 18 en prenant tout de même la précaution de redescendre notre stop loss au point d'entrée gageant que la paire allait docilement réintégrer son canal baissier. Mais c'était compter sans la surprise de l'indice du ZEW allemand qui allait à nouveau donner un coup de main aux bulls et clôturer notre position à son point d'entrée annulant nos gains de la veille.


            Graphique horaire de la paire EUR/USD du 17 octobre au 20 novembre 2014


Comme celles de Mario Draghi, mes mesquines spéculations ont donc été victimes du Dolchstoß in den Rücken (coup de poignard dans le dos) asséné par l'indice du ZEW : l'ordo-libéralisme, voilà l'ennemi de l'euro faible !

Michel Leter


jeudi 6 novembre 2014

Mario Draghi réplique à Reuters et relance l'euro faible


La pseudo-science économique n'a plus rien à nous apprendre. Dans la finance néosocialiste où gravitent de fausses monnaies dont la valeur est autant détachée de l'étalon or que déconnectée de l'économie réelle, le cours d'une monnaie ne dépend plus que des actes de langage des banquiers centraux.

La conférence de presse du montreur d'ours Mario Draghi de cet après-midi en est la dernière illustration.

Contrairement à ce que Reuters avait annoncé mardi le dîner des gouverneurs de la veille n'a pas donné lieu à une contestation de l'objectif de 3000 Mds pour le bilan de la BCE par les "frondeurs" anti-QE (le chef était probablement français).

Pour souligner cette belle unanimité (de façade) la formule suivante a été ajoutée au communiqué de la BCE : " La BCE s'attend à ce que le bilan reprenne la taille qu'il avait en 2012" (soit 3000 Mds). Il n'a pas manqué un gouverneur pour signer le communiqué.

Draghi a multiplié les indices et martelé affirmations et allusions au caractère inéluctable d'un QE à l'européenne, comme à son habitude, sans passer à l'acte, à part celui du langage et cela, comme toujours, a suffi à convaincre "les marchés" de plus en plus rebelles à l'analyse mathématique et mûrs pour l'analyse littéraire.

L'euro a donc plongé et s'échangeait à 23h15 contre 1.2377 dollars ce qui avait comme seul avantage spéculatif pour notre trade sur l'EUR/USD, ouvert à 1.2480, de présenter un solde positif de 103 pips. Quant aux avantages d'un euro faible, pour lequel Mario Draghi semble aujourd'hui militer tacitement avec le soutien des gouverneurs du sud, il procède du préjugé selon lequel moins de capital profite au travail.

La publication des Non Farm Payroll nous dira vendredi si cette folie va se poursuivre vers la prochaine résistance à 1.2250 ou si les "bulls", les haussiers vont tempérer cette poussée de fièvre du dollar.

Michel Leter