mercredi 16 décembre 2015

Le premier volume de mon Capital, L'Invention du capitalisme, reçoit le prix du livre libéral 2015






Après avoir dédié ce prix au regretté Jacques de Guenin, voici le discours de présentation que nous avons prononcé devant le jury du prix libéral, à l'issue de l'assemblée générale de l'ALEPS, le 16 décembre 2015 :

Avant de tenter de vous résumer brièvement ce premier livre du Capital, je tiens à faire deux remarques liminaires :
Tout d’abord sur un sujet aussi controversé que le capital, qui n’a jamais donné lieu à un consensus scientifique inattaquable, je ne prétends pas faire œuvre d’économiste mais seulement d’honnête homme, au sens que le chevalier de Méré donnait à ce terme à savoir un homme qui n’a point pour métier de penser mais qui est curieux de l’essentiel, de ce qui, à proprement parler, est capital. Le seul titre que je brigue – et ce n’est pas à moi de dire si je le mérite, est celui d’historien, d’historien des idées, discipline presque introuvable en France et qui fait de vous un polymathe et un polygraphe, espèce honnie de tous les spécialistes qui peuplent nos universités d’État, université d’État en France étant un pléonasme, ce qui empêche le capital immatériel de notre chère patrie de se former et de se développer.
La seconde remarque est que, puisqu’on trouve des économistes au sein du jury du prix du livre libéral, ils ne doivent pas non plus être des économistes de métier si l’on en juge par la recension du Capital que donne la revue des économistes de métier, Alternatives économiques, dans son numéro de mars 2015, qui me qualifie, comme de bien entendu, « d’ultralibéral (de tendance autrichienne) ».
Pour mieux épouvanter le lecteur, l’auteur de l’article, Denis Clerc en personne, le fondateur d’Alternatives économiques, cite la maxime suivante tirée de mon livre : « la redistribution n’est que l’euphémisme du vol ». Si l’on ne redistribue plus effectivement à quoi diable M. Clerc, économiste de profession, va-t-il bien pouvoir être employé ?  « ce qui, poursuit l’auteur de l’article, nous donne un curieux livre, abondamment nourri de citations d’auteurs libéraux du XIXe siècle, dans lequel il est affirmé que tout homme est pourvu d’un capital (ses outils et ses connaissances) légué par le passé car soustrait « à la consommation improductive et à la production stérile ». Conclusion de ce premier tome : le capitalisme est un mythe forgé par les adversaires du capital, comme seule l’école française l’avait compris. Je pense que les lecteurs pourront s’économiser l’achat des trois autres volumes à venir. »
La chute est excellente non seulement parce que c’était un des mes objectifs que d’avoir la gloire d’être éreinté par Alternatives économiques, sans oser espérer que je périrais par le glaive de Denis Clerc en personne, mais aussi parce que c’est bien la première fois que ce monsieur, gourou des « profs d’éco » qui sévissent dans nos salles de classe, propose de faire des économies.
Je vais donc tâcher, dans les quelques minutes qui me restent de compléter le propos de M. Clerc, en commençant par éclairer le titre de ce premier live,  L’invention du capitalisme. Il s’agit d’un latinisme. J’emploie invention dans le sens du mot latin inventio à la manière d’Adam Smith qui, comme vous le savez, professait les Belles Lettres, et non pas l’économie, à l’Université d’Edimburgh. Selon Cicéron, dans son traité d’art oratoire qu’il intitule justement De Inventione,  l’inventio est la première partie de la rhétorique. Elle consiste à rechercher les mots et les arguments qui vont constituer le discours. Par conséquent, vous l’avez compris, L'Invention du capitalisme, premier livre du Capital, n’a rien d’un travail classique d’allure webérienne sur le prétendu système auquel les collectivistes ont attribué le nom de capitalisme, qui serait apparu subitement au moment de ce que l’on appelle, depuis Engels, la Révolution industrielle. Rompant avec les présentations traditionnelles du sujet, ce livre est le fruit de recherches sur les moyens rhétoriques, qui ont été mis en œuvre pour accréditer l’existence de ce monstre capitalisme, de ce vampire qui suce le sang du prolétariat par le surtravail, cause de tous nos malheurs, jusqu’au réchauffement climatique puisque que, comme le GIEC de l’ONU nous somme de le croire à coup de « crosses de hockey », le réchauffement de notre planète bien-aimée date de l’industrialisation capitaliste de l’Occident.
La thèse cardinale de ce volume et du suivant également, car il faut bien deux volumes pour l’étayer, est tout simplement que le capitalisme n’existe pas. C’est une fiction sortie tout armée de la rhétorique socialiste qui a été inventée pour attribuer au libéralisme les maux causés par le socialisme.
Ce qui existe, c’est le système anticapitaliste, dont les rentes nourrissent M. Denis Clerc et ses collègues.
Le premier livre est divisé en trois parties anthropologie du capital, sociologie du capital et poétique du capitalisme.

I - Anthropologie du capital
Au chapitre anthropologie du capital, je rappelle cette vérité élémentaire, oubliée depuis Marx, que l’homme n’est pas concevable sans capital ne serait-ce que parce que tout homme libre est propriétaire d’un capital premier, son propre corps, ainsi naturellement que les facultés et la force de travail qui y sont attachées, acquises par la nature mais aussi et surtout par l’éducation. Singulièrement, Marx refuse à cette Arbeiskraft, à cette force de travail la qualité de capital et c’est bien là que réside la source de toutes les erreurs du travaillisme qui inspirent jusqu’à aujourd’hui les politiques économiques.
Alors qu’il est admis, sans examen, par la plupart des universitaires, qu’ils s’affichent comme marxistes ou non, que seule une poignée de bourgeois détient le capital au détriment de la plus grande masse qui en serait dépourvue, j’ai tenté non pas tant de démontrer mais simplement de rappeler, car je fais appel au bon sens, que le capital n’est pas un accident de l’histoire surgi à la faveur de l’instauration brutale d’un système baptisé capitalisme mais le fondement même de cette anthropologie élaborée par l’école française d’économie au XVIIIe et XIXe siècle et résumée par cette formule lumineuse d’Yves Guyot : « Le capital, c’est l’homme ».

II - Sociologie du capital
Abordons maintenant le deuxième partie du livre, intitulée « sociologie du capital ». Héritière de cette anthropologie, la sociologie du capital n’a pas été élaborée par les socialistes mais par l’école française. Marx, lui même, confessera que « des historiens bourgeois avaient exposé » bien avant lui « l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique ». J’identifie les auteurs auxquels fait allusion Marx et brosse un panorama de leur approche du capital : Quesnay, concepteur de la notion de classe ; Condorcet, le premier des républicains ; Destutt de Tracy, père de l’idéologie ; Augustin Thierry, historien de la spoliation ; Charles Dunoyer, auteur du texte fondateur de la lutte des classes et Adolphe Blanqui, premier historien de la pensée économique, autant d’esprits qui observent que le capital est universel et que, tandis que les excès de l’individualisme sont régulables par la loi et que rien ne régule les abus du collectivisme, le véritable antagonisme de classe n’oppose pas ceux qui accapareraient le capital à ceux qui en seraient privés mais ceux qui le créent à ceux qui vivent de sa destruction. C’est ainsi que Charles Dunoyer résume le véritable antagonisme de classes, qui selon l’école française n’oppose pas la bourgeoisie au prolétariat mais les spoliateurs aux spoliés, dans son texte fondateur publié dès 1818 dans Le Censeur européen « De la multiplication des pauvres, des gens à places et des gens à pensions » C’est chez Dunoyer qu’apparaît l’idée, avant Marx, que la sphère sociale se divise en deux ensembles antagonistes. Mais, au lieu d’opposer frontalement les classes, la ligne de clivage passe au sein même des classes sociales, qui sont des catégories trop vagues pour rendre compte des intérêts en conflit : « Il n’existe dans le monde, souligne Dunoyer, que deux grands partis, celui des hommes qui veulent vivre du produit de leur travail ou de leurs propriétés, et celui des hommes qui veulent vivre sur le travail ou sur les propriétés d’autrui.».
J’entreprends ensuite de restituer dans leur sens premier, les concepts libéraux qui ont été  détournés par Marx : à savoir la lutte des classes, l’idéologie, le prolétaire. Ensuite j’actualise les définitions du capital proposées de Jean-Baptiste Say, Charles Coquelin et Yves Guyot, en proposant la définition suivante : « Le capital est dans l’ordre de la création ce qui ne vient pas du Créateur mais de la créature. Propriété d’un individu ou d’une communauté de savoir, il est constitué par l’ensemble des valeurs antérieurement soustraites tant à la consommation improductive qu’à la production stérile et que le passé a légué au présent. »

III - Poétique du capitalisme
La dernière partie du livre, poétique du capitalisme, part de l’observation que le grand paradoxe du capitalisme est qu’il n’a pas été forgé par ceux qui plaident la cause du capital mais par ses ennemis. J’entreprends alors, avec mes modestes lumières, de traquer le capitalisme dans le corpus des premiers socialistes. Rarement employé par Fourier, Leroux et Proudhon, presque introuvable chez Marx (on n’en relève qu’une seule occurrence dans le premier livre de son Capital), le mot est alors éclipsé par la figure centrale de l’imagerie antisémite, le capitaliste. Ce n’est donc pas la statistique qui imposera le capitalisme comme objet scientifique dans l’imaginaire universitaire de l’Université allemande, où domine le « socialisme de la chaire » mais une poétique où il se manifeste sous l’aspect de trois figures, l’hypotypose, l’hypallage et l’hyperbole. Tandis que l’hypotypose permet de donner à voir de façon frappante ce qui n’existe pas, l’hypallage inverse la réalité tout en la dilatant par l’hyperbole.
Vous noterez que nous n’évoluons pas seulement ici dans le vaste domaine de l’histoire des idées mais que nous sommes au cœur de l’actualité puisque ces trois fleurs de rhétorique ont orné tous les discours prononcés lors de la COP21, le réchauffisme étant, vous l’avez compris, le dernier avatar de la fiction capitalisme. 
En mesurant la force de cette poétique qui domine encore aujourd’hui l’histoire des idées, on comprend, en dernière analyse, que le capitalisme n’est pas un système économique mais un mythe qui a pour fonction d’imputer au libéralisme les maux causés par le socialisme.

IV - Les trois autres volumes
Comment une telle mythologie a-t-elle pu se constituer sans alarmer les intelligences ? C’est ce que nous tenterons de comprendre avec le livre II du Capital, intitulé Le Mythe du capitalisme, qui paraîtra en 2016. Dans ce volume, je tenterai de retracer l’histoire du système anticapitaliste, qui prend aujourd’hui trois formes principales : la guerre proprement militaire, la guerre sociale et la guerre des monnaies, ce trident étant alimenté par la monnaie-dette émise par les banques centrales.
Dans le troisième livre du Capital, intitulé Théologie du capital, prévu pour 2017, je développerai le concept de monothéisme méthodologique esquissé dans le livre I pour examiner les sources religieuses de l’anticapitalisme et tenter de penser théologiquement le capital afin de mieux le défendre, car c’est bien lui et non pas « la planète », révérée par les adeptes de la religion du citoyen, qui est en voie de disparition.
Enfin le quatrième livre, Être et capital, prévu pour 2018, doit nous conduire à réfléchir à la constitution d’une philosophie de l’avoir qui aurait dû être le fleuron de la pensée occidentale si cette dernière n’avait pas été frappée d’immobilisme par l’ontologie, cette philosophie omniprésente de l’être au nom de laquelle sont menées toutes les campagnes anticapitalistes contre l’égoïsme libéral.
Michel Leter







mercredi 23 septembre 2015

Vers l'apocalypse monétaire Acte II, scène 1 (suite), Jours d'après : La ligne Maginot de la BCE repousse un premier assaut des taureaux




Autres temps, autres moeurs : de Marignan 1515 à Francfort 1.15
Depuis le 11 août, date fatidique de la dévaluation du yuan, le monde semble déboussolé. Nul ne semble plus se soucier du résultat de la sempiternelle-élection-en-Grèce-qui-a-inventé-la-démocratie. Les lendemains d'élections grecques sont devenus ordinaires. L'abaissement de la note attribuée par Moody's à la France n'a pas eu plus d'impact et la manifestation des mafias municipales en France, qui exigent des bons citoyens qu'ils renoncent au capital et s'endettent encore davantage pour continuer à arroser les clients des élus, n'alarment plus personne alors que c'est un signe patent de la crise du système anticapitaliste qui frappe la France d'immobilisme.

Tandis que l'on peut penser que la Fed prépare en secret l'arme absolue contre le capital : la plateforme de forage des taux négatif, la BCE toujours en retard d'une guerre campe sur sa ligne Maginot en abusant d'un QE auquel la Fed n'ose plus recourir tant elle semble condamnée, en matière de "mesure non conventionnelle", à faire du nouveau.

Alors que quelques nostalgiques d'un temps où un roi de France, (François, le grand, premier du nom et non pas François le petit, qui gouverne aujourd'hui) pouvait encore s'allier avec les Ottomans sans perdre sa légitimité, s'apprêtent à commémorer le 500e anniversaire de la bataille de Marignan, seule date historique gravée dans la mémoire des Français, la mémoire de la BCE s'arrête à la ligne Maginot où ce n'est plus 1515 que l'on défend mais la barrière des 1.15, que l'euro ne doit surtout pas dépasser sous mettre en péril la fameuse "balance du commerce" de l'Europe. Preuve que la BCE n'est pas indépendante du pouvoir politique, ses gouverneurs flattent ici la vieille lune  selon laquelle une monnaie faible profite aux exportations, sans se soucier que la baisse de l'euro nuit aux exportations et surtout qu'elle détruit le capital donc l'investissement sans lequel il n'y a ni croissance ni emploi.



Le tir de barrage des ténors de la ligne Maginot de la BCE le 18 septembre pour défendre les 1.15
Reprenons le fil des événements pour comprendre pourquoi les hauts fonctionnaires de la BCE ont enfilé le treillis au lendemain de la réunion de la Fed.
Comme l'indique le graphique à la fin de cet article, une heure avant la publication du communiqué de la Fed maintenant le statu quo, le 17 septembre à 20 heures, l'euro/dollar était à 1.1303. Après une poussée haussière jusqu'à 1.1440 à la clôture, il a consolidé dans un range étroit entre 1.1400 et 1.1460, pendant la séance asiatique le 18 septembre, et à l'ouverture de la séance européenne. Rien ne permettait de dire à ce moment si la hausse allait continuer ou s'il ne s'agissait que d'un soubresaut. 

Le consensus s'attendait alors à ce que le dollar soit sous pression en raison de la déception post-Fed et que la ligne de front des 1.15 défendue par la BCE soit testée. C'est ainsi que les gouverneurs de la BCE, au saut du lit, ont décidé d'envoyer une salve d'actes de langage pour défendre la ligne des 1.15. 
Les fameux "développements internationaux" mis en avant par la Fed pour justifier le statu quo sur les taux directeurs mettent autant la zone euro que les pays émergents sous pression. C'est d'abord les indices boursiers qui réagissent. Le 18 septembre, ils ouvrent à la baisse, le CAC perdant plus d'1,6% avant midi. Dans la journée, les indices dévissent. Vers 16 heures, les pertes du CAC et du Dax s'élèvent à 3,5% et le FTSE à 1,8%. Dès l'ouverture des marchés américains en début de l'après-midi le Dow, le S&P et le Nasdaq sont au diapason des marchés européens enregistrant 1% de perte.

On le sait, la hausse de l'euro et celui des indices boursiers est souvent corrélée car l'achat d'euros traduit sur le marché des changes un "appétit pour le risque" (puisque l'on vous répète que le dollar est une valeur refuge !) mais dans la tour de Francfort ce n'est pas une raison pour laisser les marchés s'ajuster seuls. Comme dit Cocteau dans Les Mariés de la tour Eiffel « Puisque ces événements nous dépassent feignons d’en être les organisateurs ».
Contrairement à ce que la presse économique nous chante, ce n'est pas l'impression monétaire, "l'assouplissement quantitatif", le "QE" qui est l'arme principale de la BCE mais les actes de langage. Encore une fois, sur un marché des changes, qui brasse 3000 à 4000 milliards par jour, imprimer 60 000 milliards d'euro par mois comme le prévoit le QE de la BCE annoncé le 22 janvier n'est qu'une goutte d'eau dans un océan où l'euro ne fait plus figure que de péninsule. La force de la BCE ne tient donc pas tant au prétendu "bazooka" de l'assouplissement quantitatif qu'à l'impact de ses actes de langage qui eux tirent leur puissance de la vanité des gouvernants et de la crédulité des marchés zombifiés par l'anticapitalisme.
La BCE a donc fait donner ses ténors dès le vendredi 18 septembre. Ce fut d'abord l'éternel Benoît Coeuré (adepte de la méthode du même nom, qui consiste comme celle du bon docteur Coué à répéter une contre-vérité pour se persuader de sa véracité),  qui, le vendredi 18, est venu rappeler que les politiques monétaires de la FED et de la BCE sont sur des trajectoires divergentes et qu’une augmentation du QE est tout à fait possible si nécessaire. Vitor Constacio (Vice-président de la BCE) emboîte le pas du docteur Coeuré et  pour faire bonne mesure, Alain Bokobza, stratège de la Société Générale, alias "l'homme qui voyait le CAC40 à 7 200 points et le S&P à 3 000 points" y va de sa déclaration en jugeant que la BCE va prolonger, voire augmenter ses injections de liquidités, tandis que la Banque du Japon devrait doper son QE au mois d'octobre : champagne pour tout le monde ! Qu'on se le dise la BCE est prête à prendre la tête de la fronde des banques centrales bien résolues à accroître leurs "QE" pour riposter à l'absence des taux de la Fed !


Les "marchés", comme les Bourbons, n'ont rien appris
Les marchés sont comme les Bourbons, qui selon Talleyrand n'avaient rien oublié ni rien appris. La Fed a beau se couvrir de ridicule en ne tenant pas ses promesses depuis qu'elle a commencé à faire miroiter une hausse des taux en 2014, le consensus des "marchés" reste collé à l'idée fixe que la FED agira en décembre.
Dans un communiqué publié après la non décision de la Fed, les pseudos-experts de Morgan Stanley qui font la tendance en alimentant la crédulité à l'égard des fausses anticipations des banques centrales continuent de répéter que la "divergence monétaire" (entre une Fed hawkish - haussière faute d'assouplissement quantitatif - et une BCE dovish - baissière en raison d'un assouplissement quantitatif - va soutenir le dollar. Les zombies de Morgan Stanley cultivent encore l'idée que les hauts et les bas sont affaires de cycle du capitalisme. D'après eux c'est en raison de la reprise économique globale en ordre dispersé que les politiques monétaires ne sont pas synchronisées comme ce fut le cas lors des précédents cycles. La FED va rehausser ses taux directeurs dans un environnement où Morgan Stanley s'attend à ce que 60 % des banques centrales vont rester neutres voire assouplir leur politique monétaire jusqu’à la fin de l’année 2016. Cette divergence monétaire devrait continuer de soutenir le Dollar au cours des prochaines années.
Morgan Stanley pense que la volatilité sur le FOREX sera plus forte au cours de ce cycle monétaire ce qui fait irrésistiblement penser aux présentateurs de la météo lorsqu'il nous disent que la journée sera nuageuse, ensoleillée et pluvieuse.
Goldman Sachs ne prends pas toutes ces précautions oratoire et travaille résolument à fabriquer la tendance en anticipant un "potentiel baissier de 600 à 1000 pips" sur l'euro/dollar. Goldman Sachs "prévoit toujours que la paire euro/dollar atteindra les  0.95 dans un horizon de 12 mois".

Afin de renforcer ces anticipations des grandes banques, le 21 septembre, le chef économiste de la BCE et membre du directoire de la BCE, Peter Praët, déclare au quotidien Suisse Zeitung que le QE avait aidé à éviter une panique financière et que les turbulences persistantes sur les marchés financiers pourraient nécessiter une « modification» du QE. «Il est important de souligner que la BCE reste prête si nécessaire. » Peter Praët ajoute que les risques pour l’économie mondiale ont augmenté et que la BCE a dû réviser ses perspectives économiques à la baisse. « Je ne suis pas inquiet quant à une augmentation du QE car nous ne voyons pas de formation de bulle spéculative à l’horizon. Pour le moment, il serait prématuré d’augmenter le QE mais nous sommes prêts si nécessaire. »
Les gouverneurs de la BCE continuent leur communication sur le QE afin d’inciter les traders à ne pas aller s'aventurer au-dessus des 1.15. Cela n'a bien entendu rien à voir avec la valeur intrinsèque de l'euro, si tant est qu'une fausse-monnaie puisse avoir une valeur intrinsèque.
Encore une fois, notre lecteur aura compris, s’il nous suit un tant soit peu depuis quelque temps, qu’il ne s’agit que d’actes de langage pour créer de fausses anticipations anticapitalistes sur les marchés.
Effet ou non de l'acte de langage de Praët, ce même 21 septembre des seuils techniques important sont balayés, les "bears" (les ours, les baissiers) font un retour en force. La bataille des 1.15 tourne à l'avantage de Francfort. 
Maintenant que plusieurs paramètres techniques importants ont été enfoncés la paire est clairement orientée à la baisse d'autant que l'affaire Volkswagen qui va plomber davantage les marchés d'actions européen ne peut que soutenir la tendance baissière de l'euro. Le BCE s'est arc-boutée, il y a quelques jours sur le seuil des 1.15 et voici que les 1.11sont déjà en ligne de mire.
C'est la fête au village euro et certaines banques accoutumées aux salles de shoot de la BCE s'attendent à ce que Francfort renforce le QE dès le mois de Décembre. 
Les "marchés" ne semblent pas capable d'imaginer que la FED décide de reporter plus longtemps la hausse des taux directeurs. Si l'on tient absolument à charger la barque en prenant la pose de l'expert, on peut ajouter mille autres prétextes à la baisse de l'euro : dégradation de la France  par Moody’s, augmentation des carry trade (technique du marché des changes qui consiste à s'endetter dans une devise à faible taux d'intérêt et à placer ces fonds empruntés dans une autre devise à taux d'intérêt plus fort) en raison de la stabilisation du risk sentiment ou les révélations du gouverneur Williams (FED) qui a déclaré ce weekend que la décision lors du dernier FOMC fut plus controversée que ne le laissent entendre les résultats du vote. 

La Chine au secours de la BCE
Mais un des alliés les plus puissants de la baisse de l'euro est sans doute chinois.  En déclarant le 21 septembre que la Chine ne souhaitait pas s’engager plus loin dans la guerre des monnaies et qu’elle souhaitait, au contraire, développer des marchés financiers "ouverts et transparents", le Premier ministre chinois, M. Li, a donné un précieux coup de pouce à la baisse de l'euro. Selon M. Li, il n'y a aucune raison pour programmer une nouvelle baisse du yuan. Voilà qui va mettre en ébullition les experts des grandes banques car même si la Fed ne peut le confesser officiellement une des principales raisons du "report" de la hausse des taux est la récente dévaluation du yuan, qui est dans toutes les têtes. Puisque   la Chine avait décidé de dévaluer brutalement le yuan et que l'on pouvait désormais s'attendre à de nouvelles attaques en piqué, il n'était pas opportun de hausser les taux. En revanche, dès lors que la Chine semble enterrer la hache de guerre, les spéculations sur la hausse des taux vont être relancées dans le cercle fermé des grandes banques qui fabriquent la tendance sur le marché des changes en suivant les anticipations des banques centrales.
Cette anticipation est baissière pour l'euro ce que vient de confirmer la séance du 22 septembre durant laquelle les ours après avoir dynamité plusieurs stops importants ont fait un retour tonitruant sous les 1.12 avec déjà la résistance des  1.11 en ligne de mire.
Il convient désormais d'attendre la séance plénière de l'assemblée générale des Nations Unis qui commence la semaine prochaine (avec un casting éblouissant, Poutine, Obama, Xi, le pape François, etc.) pour savoir si les déclarations pacifistes des Chinois ouvrent une période d'accalmie dans la guerre des monnaies où si elle ne sont que tactiques. On aimerait croire que la géopolitique nous sauvera des banques centrales mais il est à craindre que la main puissante des bears sur les marchés boursiers et la fatalité d'un grand krach ne ruine tout scénario optimiste...
Graphique horaire de la paire EUR/USD 

hier, 22 septembre, à la clôture de la séance américaine

vendredi 18 septembre 2015

Vers l'apocalypse monétaire, Acte II, scène 1 (suite) : la souris accouche d'une montagne



Le texte du communiqué du FOMC (Federal Open Market Committee)
Le verdict est tombé, sans appel. Les sectateurs de la Fed qui s'imaginaient que madame Yellen allait tenir un discours hawkish (de faucon), comme on dit en jargon afin de préparer une hausse des taux en octobre en sont pour leurs frais. C'est le discours dovish (de colombe) qui a dominé dans la bouche d'or de l'oracle Yellen répondant à l'unanimité des membres du comité. Et puisqu'il est de tradition qu'il y ait une voix dissidente pour que le résultat du vote n'ait pas une allure trop soviétique, c'est Jeffrey Lacker, le président de la Fed de Richmond, qui a joué le faucon en demandant une hausse des taux de 0,25% points.

Nous proposons la traduction suivante du poème publié hier soir par la Fed (disponible en anglais sur federalreserve.gov) :

"Communiqué de presse du 17 Septembre 2015
Pour diffusion immédiate
Les informations recueillies depuis la réunion du Comité de juillet suggèrent que l'activité économique se développe à un rythme modéré. Les dépenses des ménages et l'investissement des entreprises ont augmenté modérément et les résultats du secteur du logement sont en progrès. Toutefois, les exportations nettes stagnent. Le marché du travail a continué à progresser enregistrant des chiffres de création d'emploi solides et une baisse du chômage. Dans l'ensemble, les indicateurs du marché du travail montrent que la sous-utilisation des ressources de main-d'œuvre a diminué depuis le début de cette année. L'inflation n'a toujours pas atteint l'objectif à long terme du Comité, ce qui est dû en partie à la baisse des prix de l'énergie et au prix des importations hors secteur de l'énergie. Les compensations de l'inflation fondées sur le marché ont été mesurées à la baisse; l'enquête sur les anticipations d'inflation à plus long terme a donné des résultats stables. 
Conformément à son mandat statutaire, le Comité cherche à favoriser l'emploi et la stabilité des prix. Les développements économiques et financiers mondiaux récents risquent de limiter l'activité économique et sont susceptibles de générer de la déflation à court terme. Néanmoins, pour peu que l'accompagnement politique soit approprié, le Comité s'attend à ce que l'activité économique croisse à un rythme modéré, avec des indicateurs du marché du travail continuant à évoluer vers des niveaux fixés par le double mandat du Comité. Le Comité observe que les grands équilibres des perspectives de l'activité économique et du marché du travail sont préservés mais suit attentivement l'évolution de l'étranger. L'inflation devrait rester proche de son récent creux à court terme mais le Comité prévoit qu'elle augmente progressivement pour atteindre 2% à moyen terme à mesure que le marché du travail s'améliorera et que se dissiperont les effets temporaires de la baisse des prix de l'énergie et des importation. Le Comité continue de surveiller de près l'évolution de l'inflation. 
Pour soutenir les progrès continus de l'emploi et garantir la stabilité des prix, le Comité a confirmé aujourd'hui son point de vue que la fourchette de 0 à 0,25 pour le taux des fonds fédéraux reste appropriée. Pour déterminer combien de temps il sera nécessaire de conserver cette fourchette des taux directeurs, le Comité évaluera les progrès - à la fois réalisés et prévus - vers ses objectifs d'emploi et les 2% d'inflation. Cette évaluation permettra de prendre en compte un large éventail d'informations, comprenant la mesure des conditions du marché du travail, les indicateurs de pressions inflationnistes et des anticipations d'inflation, et l'interprétation des développements financiers à l'échelle internationale. Le Comité juge qu'il sera opportun d'augmenter la fourchette pour le taux des fonds fédéraux quand l'amélioration du marché du travail sera confirmée et que l'inflation aura atteint l'objectif de 2% à moyen terme. 
Le Comité maintient sa politique existante de rachat de la dette des agences fédérales, des titres adossés aux hypothèques (mortgage backed securities) de ces mêmes agences, et de rachat aux enchères de bons du trésor arrivés à maturité. Cette politique, en permettant de garder les portefeuilles de titres à long terme du Comité à des niveaux considérables, devrait aider à maintenir des conditions financières accommodantes. 
Le Comité ne pourra décider de commencer à réduire cette politique accommodante que lorsqu'il aura atteint ses objectifs sur l'emploi maximum et un taux d'inflation à 2%. Même si ces objectifs sont atteints, le Comité se réserve le droit de garder en l'état les taux en fonction de l'environnement économique. 
Ont voté pour ces mesures de politique monétaire du FOMC : Janet L. Yellen, présidente; William C. Dudley, vice-président; Lael Brainard; Charles L. Evans; Stanley Fischer; Dennis P. Lockhart; Jerome H. Powell; Daniel K. Tarullo; et John C. Williams. Monsieur Jeffrey M. Lacker, a voté contre, en proposant d'augmenter la fourchette pour les taux des fonds fédéraux de 0,25 points de base. 


Nihil novi sub sole : la montagne de questions reste entière
Comme nous l'annoncions hier la Fed a donc pris pour prétexte qu'une partie seulement de ses objectifs en matière d'emploi, d'inflation et de croissance n'ont pas été atteints pour maintenir le statu quo sur ses taux directeurs. Pour que le liftoff, le fameux décollage de la hausse des taux ait lieu il eût fallut que les trois objectifs fixés par madame Yellen soit atteints : soit une inflation de 2%, un taux de chômage de 5% et un taux de croissance à 2,5%. Si les résultats de l'emploi se sont améliorés selon le comité, ce qui est contestable comme nous le suggérions hier en nous appuyant sur l'analyse de Jim Rickards, l'inflation reste donc bien au-dessous de l'objectif de 2% de la Fed. La Fed considère dans son communiqué que le bas prix de l'énergie et les baisse du coût des importations dus à la force du dollar (qui ne tient lui-même qu'aux anticipations de la hausse des taux) sont transitoires et affiche son optimisme que tout rentre dans l'ordre ce qui dans son scénario idéal conduirait mécaniquement à un taux d'inflation de 2%. Or, à ce jour, rien ne permet d'affirmer que le dollar va reprendre l'initiative dans la guerre des monnaies et que les prix des matières premières vont remonter. C'est encore s'imaginer que les effets n'ont pas de cause et que le capitalisme, comme disent les oligarques de la finance néosocialiste, est soumis à des cycles naturels comme les saisons.

Jusqu'où ira la crédulité des marchés-zombies qui vivent des seules anticipations de la Fed et de sa fausse monnaie dans un système financier de plus en plus résolument anticapitaliste ?

Le poste d'attaché de presse de la Fed est une sinécure, car il suffit a celui qui en joui de faire un copier-coller des précédents communiqués. Sous le ciel du FOMC, les lendemains de l'économie américaine sont toujours roses. Même si les indicateurs progressent "modérément" le FOMC s'attend toujours à une amélioration oubliant que le diable est dans les statistiques : comme le soulignait Disraeli "Il y a trois sortes de mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques".
Nous nous demandions à la veille de la réunion du Comité jusqu'où pouvait aller la procrastination de la Fed sans entamer sa crédibilité. Il semble évident qu'au yeux d'un Américains un tant soit peu doué d'esprit civique cette crédibilité est en lambeaux. Les marchés s'ils étaient capitalistes, devrait ne plus fonder leurs anticipations sur la Fed mais sur l'état de l'économie réelle. Mais la Fed a dans sa besace de ces laxatifs, de ces assouplissement qui sont susceptibles de calmer les marchés-zombies aussi puissamment que l'opium du peuple.


Pourquoi le statu quo ?
La vérité c'est que les données économiques américaines épluchées rituellement par le communiqué de la Fed d'hier n'ont en rien déterminé le choix de maintenir des taux proches du zéro. Comme Bruno Bertez, sur leblogalupus.com, le résumait avant la réunion de la Fed : "On vous a dit que la hausse des taux serait dépendante de l’évolution des données économiques, c’est un mensonge, elle ne dépend que des conditions financières constatées sur les marchés. La meilleure preuve est que l’inflation mesurée par le PCE aux Etats-Unis, cette inflation qui est censée guider la Fed, a fortement baissé depuis novembre 2010, date du premier Quantitative Easing. Si le QE avait pour objectif de lutter contre la déflation et de pousser l’inflation à la hausse, c’est un échec lamentable puisque le PCE est maintenant beaucoup plus bas qu’il ne l’était en novembre 2010. Si l’inflation avait la moindre importance, la décision sur les taux ne devrait faire aucun doute.
On vous a dit que la politique monétaire de la Fed était dépendante des statistiques économiques et en particulier de l’emploi. On vous l’a seriné pendant des années. Alors, dans ce cas, il n’y a aucun doute, le chômage est faible, il est revenu dans les zones moyennes de long terme, il faut monter les taux, les maintenir bas n’a plus aucun sens. Si l’emploi avait la moindre importance, la décision ne devrait faire aucun doute.
Ce ne sont que deux exemples pour vous montrer que les arguments invoqués par la Fed sont des rationalisations. Ni l’inflation, ni l’emploi, ne guident les décisions des gouverneurs. Pendant longtemps, ce qui les a guidés, c’était la situation du secteur bancaire, maintenant, ce qui les guide, c’est la situation de ce que l’on peut appeler le complément du secteur bancaire, nous voulons parler des marchés. Car le système financier, dans sa forme moderne, c’est banques+shadow banks+ marchés. Et si les banques sont en meilleure santé, et si le shadow tient malgré ses déséquilibres, c’est parce que l’on a inflaté et fait léviter les marchés. La question pour les gouverneurs est celle-ci : est-ce que les marchés peuvent supporter une hausse symbolique des taux de 0,25%. C’est la question centrale et les observateurs n’ont même pas remarqué que, lors de la grande messe au Grand Teton le mois dernier, ce qui a été analysé, c’est la situation des marchés, et non pas la situation de l’économie américaine. L’idée du report de la hausse des taux du 17 septembre a été produite par l’accès de volatilité sur les marchés et non pas par les fameux datas économiques. C’est un révélateur et il est important d’en prendre conscience.
En effet, comprendre les motivations des responsables est plus important qu’écouter leurs sornettes. Leurs sornettes visent à vous faire partir dans le zig alors qu’il faudrait se diriger dans le zag. Leurs sornettes ont pour objectif de rendre politiquement acceptables des décisions qui, autrement, ne le seraient pas."

Que va-t-il se passer maintenant ? 
La vidéo de la souris accouchant d'une montagne 
peut être visionnée sur le site de la Fed à l'adresse suivante :
http://www.federalreserve.gov

Le mouvement vers un changement de discours de la Fed, aussi honteux soit-il, apparaît aujourd'hui comme irréversible. La seule véritable information à l'issue de ce comité est que l'unanimité de façade sur les taux se fissure. En effet, alors que 15 sur 17 des membres du Comité prévoyaient une hausse des taux avant la fin de l'année le Wall Street Journal indique qu'ils ne sont plus que 13 sur 17 à l'évoquer. 
La prudence de la Fed, sa résolution réaffirmée dans le communiqué de poursuivre sa politique accommodante de "bad bank" en rachetant des obligations et des produits titrisés toxiques, et cette petite phrase où elle affirme que "le Comité se réserve le droit de garder en l'état les taux en fonction de l'environnement économique", laisse la place à tous les changements de cap. Elle laisse entière l'éventualité que la Fed se lance à terme dans un QE4, un assouplissement quantitatif quatrième du nom. Elle irait ainsi vers des taux d'intérêt non plus positifs mais négatifs; elle reprendrait l'initiative dans la guerre des monnaies, attaquant le dollar en faisant à nouveau couler à flot de l'helicopter money permettant ainsi à Wall Street de retrouver l'open bar, son aliment de prédilection. 
Gageons que lors de sa réunion d'octobre le Comité prendra prétexte d'autres "développements économiques et financiers mondiaux récents", comme dit pudiquement le communiqué pour évoquer la guerre des monnaies et les krachs boursiers, afin d'augmenter le nombre de réfractaires à la hausse des taux au sein du Comité. 
En attendant puisque la Fed a pris soin pour calmer le jeu ce mois-ci de ne pas provoquer de casus belli en ces temps de turbulences asiatiques, le président chinois va pouvoir effectuer sa visite officielle aux États-Unis sans charger davantage la jonque du contentieux sino-américain et la géopolitique va pouvoir reprendre ses droits avec en point d'orgue une réunion de l'assemblée générale des Nations-Unies où la Russie doit présenter un projet de coalition internationale incluant la Syrie. Durant cette période, les "marchés" sont priés de se tenir tranquilles.

mercredi 16 septembre 2015

Vers l'apocalypse monétaire, Acte II, scène 1 (suite) : La nouvelle guerre du Pacifique va-t-elle conduire la Fed à renoncer à une hausse de son taux directeur le 17 septembre ?
























Déchaînement anticapitaliste en Chine : 
où en est-on de l'application du point 5 
du programme du Manifeste du parti communiste ?

Si le réchauffisme est un mythe, le dérèglement du climat financier en Asie est bien réel.
Tout ceci, nous répètent les journaux, n'a rien à voir avec le communisme, ce n'est que la énième crise d
u capitalisme qu'il est plus urgent que jamais que jamais de réformer. Rappelons tout de même que la prolifération des banques centrales n'a pas seulement été inspirée par les succès impérialistes de la banque d'Angleterre instituée dès 1694 mais aussi par le point 5 du programme du parti communiste tel qu'il est énoncé dans le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels et qui prévoit la "Centralisation du crédit entre les mains de l'État au moyen d'une banque nationale dont le capital appartiendra à l'État et qui jouira d'un monopole exclusif". Observons qu'il s'agit bien de tuer la relation entre le crédit et le capital (née de l'épargne) et de faire de l'État par le monopole de la création monétaire l'unique source du crédit. Dans la mesure où l'État est toujours privatisé par des coteries et dirigé par des oligarchies le caractère publique ou privé de cette banque centrale est secondaire. 

Ainsi il n'y a pas lieu d'opposer les trois types de banques centrales qui ont permis de réaliser le rêve de Marx la une banque populaire communiste, la BPC; la banque publique néo-socialiste théoriquement indépendante la BOE (Bank of England), la BOJ (Bank of Japan) et la BCE; la banque privée néo-socialiste théoriquement fédérale (la Fed)

Dans un système communiste, il n'y a pas de place pour la responsabilité et le risque qui sont organiquement attachés au capital. Ainsi en cas de krach en Chine, le tradeur n'est pas sanctionné par la perte du capital qu'il engage mais comme ce capital est fictif il est directement sanctionné par la police financière. Ainsi pour répondre au lundi noir, le parti a lancé ses limiers en arrêtant les ennemis du peuple qui avaient vendu à découvert. 

La vente à découvert consiste à vendre à terme un actif que l'on ne détient pas le jour où cette vente est négociée mais qu'on se met en position de détenir le jour où sa livraison est prévue. L'actif vendu à découvert est généralement un titre mais le marché autorise également à vendre des devises ou des matières premières. Si la valeur de l'actif baisse après la vente à découvert, le vendeur peut le racheter au comptant et dégager une plus-value Si, à l'inverse, elle monte, le vendeur s'expose à un risque de perte illimitée, tandis qu'un acheteur ne peut pas perdre plus que sa mise de fonds. Le vendeur à découvert ouvre ce que l'on appelle une position courte (short selling), à l'opposé du détenteur d'un titre, qui a une position longue. 

Les limiers de la banque du peuple ont accusé les petits-bourgeois boursicoteurs, qui sont à ses yeux responsables du krach d'avoir abusé de la vente à découvert. L'utilisation de cet outil est donc désormais interdit. Le marché boursier sera donc dorénavant haussier par décret du parti unique. Les entreprises qui ont trahi le peuple en croyant présomptueusement qu'elles pouvaient, comme en Occident, céder impunément à la panique et vendre leurs actions ont été rappelées à l’ordre communiste. Instruction a été donnée au banques de prolonger les crédit accordés aux spéculateurs jusqu'à ce que les cours remontent afin d'éviter une masse de fermeture de positions perdantes. 

Le message à l'Occident est clair. La Chine se porte bien. L'hypothèse que le krach aurait été causé par la mauvaise santé de l'économie chinoise et par les bulles boursières et immobilières générées par l'expansion illimité du crédit est farfelue. 

Abandonnant la sagesse de l'Empire du milieu pour céder à celui de l'image la banque du peuple a cru bon de donner un visage à la frénésie coupable de la Bourse. Ce Kerviel chinois s'appelle Wang Xiaolu. C'est un journaliste oeuvrant pour le magazine Caijing, qui, on ne sait comment, a déjoué tous les dispositifs d'auto-censure. Le régime de Pékin est trop mou. Il ferait mieux pour la santé boursière du pays d'interdire tous les journaux.


La Chine a trouvé son Kerviel : séance vidéo de réhabilitation 
dans la plus pure tradition de la Révolution culturelle

Dans le plus pur style des confessions publiques de la période de la "révolution culturelle", le journaliste a dû se battre la coulpe devant les caméras de télévision en suivant un script écrit par Big Brother. Le journaliste a « avoué », dans une confession télévisée, avoir publié une « fausse information » en juillet qui a provoqué « panique et désordre » sur les marchés financiers. Il avait écrit que les autorités de régulation étaient en train d’étudier la possibilité que les fonds gouvernementaux se retirent des marchés financiers.

Mais ce n'est pas tout, la BPC est la meilleure des banques centrale possible car, non seulement elle a le pouvoir de modifier ses taux instantanément, sans débat, comme elle l'a fait après le krach passant subitement de 5,75% à 4,6% (pourquoi 4,6% et non pas 4,5%, allez savoir...) mais encore dans cet empire athée qu'est la Chine, elle s'est octroyée tous les attributs de Dieu. Elle peut faire surgir la richesse quand bon lui semble, mieux que la Fed son modèle car elle dispose de réserves de change supérieures à 3 000 milliards de dollars, soit quatre fois le TARP de 2008 (Troubled Asset Relief Program, bel euphémisme pour désigner les mesures hâtives et scandaleuses de renflouement des banques américaine, dit également plan Paulson).
Là encore, il n’y a qu’à procéder comme le font les Occidentaux : si quelqu’un, qui se donne une mine "systémique" perd de l’argent sur les marchés, il suffit de le renflouer, de 700 milliards de dollars, comme le système bancaire américain. C'est ce qu'a promis la BPC, il lui suffit d'imprimer ex nihilo.

Les candides qui croient au capitalisme en général et au capitalisme chinois en particulier imaginent que les banques sont suppôt du capital alors que la BPC ne cesse d'assouplir les règles sur les fonds propres des banques. Elle a d'abord baissé leur taux de 50 points et, suite au krach, elle a décidé tout simplement d'abolir les règles sur les réserves obligatoire, rayant d'un trait de plume ce qu'il restait de capitaliste dans l'Empire céleste. N’importe quelle banque peut désormais prêter n’importe quelle somme : peu importe le montant des dépôts qu’elle possède. Il suffit d’en avertir les autorités. 


Sur ce graphique journalier on note en bas à droite un groupe de bougie haussière 
signalant la stabilisation des cours suite à l'intervention de la BPC sur ses taux d'intérêt


Des bruits de bottes pour couvrir la cacophonie boursière
Il était temps que tout rentre dans l'ordre car on préparait la grande parade de la célébration de la victoire de 1945, le 3 septembre. Afin de profiter de la fête dans les meilleures conditions possibles, depuis le début de la chute des marchés chinois, pas moins de 200 blogueurs et autres trublions ont été arrêtés et emprisonnés. Les autorités ont rendu impossible toute recherche sur les mots "krach" ou "bulle boursière" sur les moteurs de recherche chinois. Elles ont pu déployer en toute sérénité place Tian-An-Men (après avoir fermé les usines alentour dans l'espoir de retrouver l'azur d'un ciel d'habitude lourd de pollution) 12 000 soldats, 500 engins et près de 200 avions et hélicoptères survolant la place. Écoles, musées, centres commerciaux et même la Bourse ont fermé leurs portes afin que tous les Pékinois puissent suivre (à la télévision naturellement car il n'est pas question que la liesse populaire puissent s'exprimer dans les rues) la titanesque parade militaire.
N'oublions pas qu'il va falloir financer les jeux de 2022 encore à Pékin mais cette fois-ci les jeux d'hiver puisque les membres du CIO ont poussé la bienveillance à l'égard des camarades chinois jusqu'à consentir à faire comme si Pékin était une station de sports d'hiver : l'imagination du comité olympique pourvu qu'il soit financé par les largesse d'une banque centrale n'a plus de limites !
Le président Xi Jinping a annoncé une réduction de près 15 % du nombre de soldats (300 000 hommes en moins). Ces mesures de désarmement, classiques dans la rhétorique des puissances qui sont sur le pied de guerre, restent trop cosmétiques pour faire de l'ombre aux vrais vedettes du défilé les missiles balistiques qualifiés de «tueurs de porte-avions» par la presse chinoise. Il s'agit ici de viser le symbole de la puissance pélagienne américaine qui lui permet de frapper où elle veut et quand elle veut. 
Le Japon avait humblement demandé que l’événement « ne soit pas antijaponais mais contienne plutôt des éléments de rapprochement entre le Japon et la Chine » mais Shinzo Abe ancré à l'Amérique depuis sa défaite à l'instar de l'Allemagne n'est pas allé jusqu'à s'afficher au défilé, pas plus qu'Angela Merkel. L'Amérique ne veut toujours pas en finir avec le système de la guerre mondiale et l'esprit de Bretton Wood, qui lui vaut de conserver l'hégémonie grâce au dollar.  Ignorant les doléances japonaises, le président Xi a proclamé que la Chine est redevenue « un grand pays dans le monde » à la suite de la victoire de 1945. La Chine doit cesser de déplorer l’« histoire malheureuse » a répliqué le Japon et regarder l’avenir. Les Japonais sont responsables de la mort de quelque 20 millions de Chinois et ces derniers reprochent toujours aux Japonais l’absence d’excuses pour les atrocités commises leur armée impériale. 


La bourse de Tokyo répond à la grande parade par une salve haussière
Mais c'est sur le terrain économique que Tokyo préparait la riposte. La chute record de la bourse de Shanghai n'était pas plus tôt enrayée que la bourse de Tokyo était saisie d'une fièvre haussière en raison de l'incorrigible Shinzo Abe, qui a tout de même pris soin d'attendre sa réélection triomphale à la tête du PLD, pour semer le désordre sur les marchés.
On le sait, en matière de fantaisies boursière et monétaire, le Japon a dépassé depuis longtemps le maître américain. Et il n'a pas attendu les "abenomics" pour multiplier les assouplissements quantitatifs dès les années 1990, la BOJ inventant alors le ZIRP, le taux directeur zéro sans que cela ait sorti le Japon de la stagnation à laquelle le condamne la politique anticapitaliste de son gouvernement. Le Japon est le champion toute catégorie de la dette qui s'élève aujourd'hui à 250% du PIB en ayant pour seule mérite d'être détenue par des Japonais, ce qui permet du moins à monsieur Abe de spolier légalement à volonté sans froisser les États-Unis. Shinzo Abe s'est signalé par sa rhétorique guerrière avec ses fameuses trois flèches menaçant l'indépendance théorique de la BOJ et avec son complice Kuroda, gouverneur de la BOJ, il a déversé un tsunami de yen sans précédent dans l'espoir de combattre par la fausse monnaie la déflation avec un objectif du 2% de taux d'inflation qui a été atteint au prix d'une destruction du yen et par conséquent du capital détenu par les Japonais. Le 9 septembre, au lendemain de son élection à la tête du PLD, parti dit "libéral" et "démocrate", Shinzo Abe sabrait le champagne en annonçant de nouvelles mesures de stimulation fiscale en faveur des entreprises, en l'occurrence une baisse de 3,3% du taux d’impôt sur les sociétés sur 2 ans (à compter du début de l’année fiscale 2016/2017 et jusqu’à mars 2018). Qu'une telle mesure creuse un peu plus le déficit budgétaire du Japon, Abe n'en a cure puisqu'elle fut saluée par une convulsion haussière de la Bourse de Tokyo qui lui vaut de battre le record de hausse de l’histoire en nombre de points pour l’indice Nikkei qui bondit de +1.343 points à 18.770, soit plus de 7,7%. Certains analystes grincheux font remarquer qu'il a existé un décrochage plus spectaculaire en pourcentage en octobre 2008 (+14,15% le 15 octobre) mais il reste que en nombre de points gagnés, c'est un record absolu, qui pulvérise le précédent de plus de 160 points.

Dans la guerre des indices boursiers, c'est un joli pied de nez à Pékin puisque le Nikkei pourrait bientôt effacer l'essentiel des pertes essuyées lors du krach de Shanghai du 24 août. Après le "lundi noir" de Shanghai, certains analystes vont jusqu'à parler de krach haussier pour le "mercredi rose" de Tokyo.




On peut craindre, au contraire, que l'effet de la magie abénomique soit de courte durée. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil sur les ventes d'actions japonaises par les investisseurs étrangers depuis quelques semaines. La perte de confiance des investisseurs dans la Chine ne s'accompagne pas loin sans faut d'un transfert des investissements vers le Japon.



source : le blogalupus 


Les manipulations d'Abe et de Kuroda ne suffisent plus à juguler ce mouvement. Bloomberg indique que les étrangers (dont les Chinois qui ont inauguré le mouvement) ont liquidé 1,43 milliards de yens d’actions japonaises dans les trois semaines précédant le 28 août, comme le montrent le données de la Bourse de Tokyo ci-dessus. C’est un nouveau record sur une durée de trois semaines qui dépasse la période pendant laquelle la banque Bear Stearns s’est effondrée en 2008. Il n'y a donc pas que monsieur Abe qui bat les records... D'après Yutaka Miura, analyste technique senior en courtage basé à Tokyo, les investisseurs fuient suite aux craintes concernant les perspectives économiques de la Chine et l'anticipation de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis, a-t-il dit... 
Il n'y a pas de raison que ce mouvement de fuite de capitaux vers les États-Unis, ne se poursuive pas, tant au Japon que dans le reste du monde, sauf si la Fed déçoit la masse aveugle des investisseurs qui vit depuis de longs mois dans la perspective d'une hausse des taux. Nous y voilà...

La nouvelle Guerre du Pacifique fournit-elle un argument décisif à la Fed pour augmenter ses taux directeurs le 17 septembre ?
Comme le déclarait le secrétaire au Trésor de Nixon, John Connally, après l'abandon de l'étalon-or, en 1971, à une délégation européenne qui s'inquiétait des fluctuation du dollar au reste du monde, "le dollar est notre monnaie, mais c'est votre problème". Autrement dit le reste du monde n'est pas censé peser sur les orientations de la Fed. 
Au demeurant, pour que le liftoff, le fameux décollage de la hausse des taux pour on ne sait où ait lieu il faut que les trois objectifs fixés par madame Yellen soit atteints : soit une inflation de 2%, un taux de chômage de 5% et un taux de croissance à 2,5%
Si ces trois objectifs sont une raison suffisante pour l'augmentation des taux, il faut convenir que la magie de la Fed n'a pas suffit pour que Madame Yellen soit en mesure de proclamer le 17 septembre prochain qu'elle a atteint les objectifs fixés soit 2% d'inflation, 2,5% de croissance et 5% de chômage. 
En effet, le vendredi 4 septembre, La statistique américaine jugée la plus importante par les marchés-zombies, les fameuses NFP (Non Farm Payrolls, créations d'emploi dans le secteur non agricole) n'a pas permis de trancher car elle est apparue mitigée. Attendue à 220 000 créations d'emploi elles a été publiée à 173 000. 
Mais une des raisons pour lesquelles le taux de chômage a baissé est que la population active a diminué (sans doute en raison des effets de seuil générés par l'obamacare).
Ce même 4 septembre, le rapport sur l'emploi a donné un taux de chômage à 5,1%. À 0,1% points près, cela correspond à la cible de 5,0% de madame Yellen. On peut donc considérer que cet objectif a été atteint.
Selon Jim Rickards la situation est beaucoup plus sombre que ne le laissent entendre les derniers chiffres. Il suffit pour s'en persuader de dégager la tendance négative sur une longue durée qu'atteste le tableau ci-dessous qu'il nous communique dans La Chronique Agora :


La création mensuelle d'emplois US a connu un pic en novembre dernier
source : la-chronique-agora.com


Quant aux deux autres cibles de Janet Yellen c'est-à-dire une croissance de 2,5% et une inflation de 2%, force est de constater qu'elles n'ont pas été atteintes. Madame Yellen ne pourra dissimuler que la croissance pour les trois premiers trimestres 2015 est anémique. Elle est en dessous des 2%, avec une tendance à la baisse. L'inflation sur un an, selon l'indicateur de la Fed, est de 1,2%, également avec une tendance à la baisse.
Relever les taux dans un environnement aussi morose donnerait à nouveau la main aux "ours" (bears), les baissiers, sur le dollar et importerait la déflation qui sévit hors Etats-Unis (sous la forme d'une baisse du prix des importations due à un dollar fort), ce qui éloignerait encore davantage la Fed de son objectif de 2% d'inflation. En revanche, le relèvement des taux provoquerait une ruée sur les titres du gouvernement américain. Les prix des obligations flamberaient et leur capital serait ainsi valorisé. Comme l'anticipe Jim Rickards "Il pourrait y avoir un rally énorme sur les titres d'Etat américains avec de longues maturités". 
Le relèvement des taux provoquerait un retour de l'ennemi juré des banquiers centraux, le capital, vers l'Amérique (mouvement qui, nous l'avons vu, a déjà commencé depuis l'été en Asie), une accélération de la marche vers l'apocalypse monétaire, l'effondrement des actions des marchés émergents, la faillite des emprunteurs privés étrangers libellés en dollars ce qui a tout l'air d'un scénario de panique financière mondiale dans lequel on voit mal la Fed se jeter tête baissée.
En dernière analyse, la question n'est pas financière, ni économique mais poétique. La Fed ne sert pas à vivifier l'économie mais à la perturber par de fausses anticipations qui permettent de faire des marchés une clientèle captive des oligarchies néo-socialistes. La véritable question comme le suggère Jérôme Révillier dans La Bourse au quotidien sur Agora, c'est la question de la "crédibilité de la Fed". Cette crédibilité ne repose pas sur l'efficience de la Fed (chacun sait qu'elle est nuisible et ne profite qu'aux banques-zombies qui vivent de sa prédation) mais sur la correspondance entre ce qu'elle annonce et ce qu'elle fait (ou défait). De ce point de vue, il serait périlleux pour la Fed de tenter d'acheter du temps par de nouveaux actes de langage en continuant à procrastiner mais cela commence à jouer sur les nerfs des marchés. La Fed envisage cette satanée hausse des taux depuis la fin de 2014. Elle devait intervenir dans un premier temps en mars 2015 mais les pauvres résultats de l'économie américaine désorganisée par sa banque centrale et par la guerre des matières premières conduite par le gouvernement américain contre la Russie ont repoussé cette anticipation pour le mois de septembre. Nous y sommes. La Fed peut-elle rester crédible en repoussant une nouvelle fois la hausse, au mois d'octobre, voire de décembre ?
Mais il y a une manière de trancher le noeud gordien de la hausse des taux qui consisterait à recourir à une mesure non conventionnelle qui à force commence à devenir classique. Quand le système anticapitaliste est dans une impasse, il a volontiers recours à la guerre des monnaies pour augmenter encore la taille de la pyramide de capital fictif et repousser le spectre d'un retour du capital réel.
En d'autres mots, la Fed pourrait être tentée par une nouvelle fuite en avant en évoquant dans communiqué sibyllin à souhait, dont elle a le secret, la possibilité qu'elle se lance à terme dans un QE4, un assouplissement quantitatif quatrième du nom. Changeant radicalement de cap, elle irait ainsi vers des taux d'intérêt non plus positifs mais négatifs; elle reprendrait l'initiative dans la guerre des monnaie et ferait couler à flot de l'helicopter money permettant ainsi à Wall Street de retrouver son élément de prédilection. 

Les analystes répètent à l'envi que la hausse des taux serait désastreuse pour les émergents et pour la Chine. Elle représenterait donc un casus belli, quelques jours avant la visite officielle en Amérique du président Xi. Si elle haussait ses taux directeurs, Yellen irait contre les avertissements de l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, et celle de la présidente du FMI Christine Lagarde selon lesquels l'économie mondiale est trop faible pour supporter une hausse des taux d'intérêt. Mais, le pire n'est pas toujours sûr et voici que le consensus entre les institutions internationales se fissure. Simone Wapler nous apprend ce lundi que la La banque des Règlements internationaux (BRI) a fait part dans un rapport de recommandations qui vont à l’encontre de celles du FMI et de la Banque mondiale. La BRI estime que les problèmes que rencontrent les pays émergents sont dus aux taux proche du zéro mis en place par la Fed depuis 2008. Simone Wapler nous communique dans sa chronique le tableau ci-dessous pour illustrer le cercle vicieux des taux bas :




Comme nous l'avons évoqué, la Chine semble avoir pris conscience de cette spirale infernale puisqu'elle a commencé cet été à vendre massivement ses bons du Trésor américain. Dans la même optique l'infatigable député à la chambre des Représentants Ron Paul, qui pilote une campagne exemplaire pour obtenir un audit de la Fed (Campaignforliberty.org) déclare : "blame the Federal reserve not China for stock market crash".
La perspective éventuelle d'un QE4 nous renvoie une fois encore à la nouvelle guerre du Pacifique. En juillet, avant la décision négative sur l'admission dans le panier de monnaie du FMI, les DTS, que nous avons évoqué dans notre précédent article, la Chine, qui est la première détentrice d'obligations américaines (voire le tableau ci-dessous) était occupé à défendre la valeur du yuan et s'était débarrassée d’un montant record de T-bonds américains pour 143 milliards. Ce mouvement de défense de la quasi-parité yuan-dollars par la vente massive de T-Bonds s'est vraisemblablement poursuivi jusqu'au 11 août, voire même après la 11 puisqu'il s'agit dorénavant d'amortir la dévaluation par une liquidation des obligations américaines.



D'après Bloomberg citée sur le site zerohedge.com, des opérateurs sur les marchés obligataires de New York évoquent « une pression à la vente substantielle » sur les obligations américaines à long terme en provenance d’une entité « d’Extrême-Orient ». Des sources européennes souhaitant garder l'anonymat ont révélé que des transactions discrètes avaient via la Belgique (sachant que Nomura Holdings Inc. en Belgique possède pour 200 milliards d’obligations au nom de la Chine). et la Suisse afin de ne pas alarmer davantage l'oncle Sam et Wall Street dont il n'est pas certain, une fois n'est pas coutume, qu'ils aient des intérêts communs dans cette affaire.
Il faut savoir que chaque 500 milliards de dollars d’actifs chinois liquidés engendre une pression haussière de 108 points de base (soit 1,08 %) sur les obligations américaines à 10 ans. 
Et maintenant que la frénésie liquidatrice de la Chine a atteint des niveaux qui rendent impossible sa dissimulation ou sa minimisation et que Bill Dudley, le gouverneur de la Fed de New York a officiellement ouvert la porte à un nouveau QE, il semblerait que la seule façon d’empêcher la Chine et les pays émergeant de liquider leurs actifs libellés en dollars est, comme City le suggère, «d’étouffer le marché immobilier américain » et d’exercer une sorte de serrage de vis forcé via les canaux de transmission des bons du Trésor, soit la mise en place d’un environnement qui ouvrira la porte au QE4... ». Dans ce scénario, qui tient de la haute voltige, la Fed en contrôlant la distribution de l'opium des banques, qu'est la fausse monnaie fiduciaire, pour qu'elle ne relance pas hâtivement la spéculation boursière, accompagnerait, en multipliant les amortisseurs, dans l'espoir d'éviter un méga-krach, la spirale baissière inéluctable des actions afin de purger la bulle générée par les précédents QE, tout en sauvant les obligations américaines qui sont bien l'unique souci des oligarchies financière pour des raison de "gouvernance" comme on dit aujourd'hui par euphémisme pour désigner le totalitarisme soft du système anticapitaliste.


Encore et toujours, c'est la dette souveraine et sa monétisation qui obsède les banques centrales au mépris du capital. Qu'elles soient communistes ou néo-socialistes, elle sont fatalement condamnées à revenir à leur fonction première : faire la guerre.