Henri Dunant et Frédéric Passy
Chacun sait que le logo de la Croix-rouge est le
négatif du drapeau suisse, croix rouge sur fond blanc au lieu de la croix
blanche sur fond rouge. On peut se demander si après le krach du 15 janvier, la
Confédération helvétique ne va pas adopter le drapeau d'Henri Dunant.
On ignore, en revanche généralement qu'Henri Dunant
n'avait pas été seul à recevoir ce prix Nobel. Il partagea cette distinction
avec un économiste de l'école française, Frédéric Passy, récompensé pour son
action infatigable en faveur de la paix dans l'esprit de, ses maîtres, Bastiat
et de Cobden, qui avaient organisé le congrès de la Paix de Paris en 1849.
Aliam vitam, alio mores, autres temps, autres moeurs, les Prix
Nobel de la Paix sont désormais des officiers de la guerre au capital...
13 et 14 janvier 2015 : craquements en zone euro
La veille du krach suisse de l'euro, la perspective
des élections législatives grecques du 25 janvier pesait toujours sur les
anticipations. Les anticapitalistes qui dictent la tendance sur le pseudo-marché
des changes (FOREX, devenu le plus grand marché du monde avec un volume
journalier équivalent au PIB annuel d'un pays comme l'Allemagne) rêvent en
secret que les gauchistes de Syrisa l’emportent, espérant que la vertueuse
Allemagne sera ainsi contrainte de renoncer à sa morale budgétaire
stricte. Le 13 janvier Benoît Coeuré, un gouverneur français, qui
par le passé s'était fait remarquer pour ses positions "hawkish"
(haussières) qui tranchaient avec les prises de position "dovish"
(baissières) de la France se montre désormais soucieux d'éviter tout mouvement
de panique à la hausse en prévenant que les élections grecques
n'influenceraient pas le résultat de la décision de la BCE sur le QE prévue
pour le 22 janvier. Les pseudo-marchés sont priés de le croire. Comme si
l'oracle n'était pas assez nébuleux Coeuré déclare pour faire bonne mesure
: « Nous sommes prêt à prendre la décision d’acheter des obligations
souveraines dès le 22 janvier, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’il
est certain que nous le ferons ».
EUR/USD journalier : de 1.25 à 1.15, l'euro dégringole de 1000 pips en 27 jours
Le 14 janvier, deux autres événements allaient
précipiter l'euro jusqu'au niveau symbolique que le BCE lui avait attribué lors
de son lancement en 1999. Tout d'abord, on apprenait la démission du
Président italien, Giorgio Napolitano. L’aversion pour le risque, toujours
favorable au dollar, grandissait en raison du retour de l’incertitude politique
en Italie, qui détient la médaille de bronze des pays les plus endettés du
monde.
Cette nouvelle s'ajoutait à celle de la validation
par la Cour de justice européenne du programme OMT (Opérations Monétaires sur
Titres, euphémisme qui désigne les programmes d'achats de la BCE qui permettent
de contourner l'interdiction statutaire de monétiser les dettes souveraines).
Cette validation va à l'encontre du sentiment de la Cour constitutionnelle
allemande de Karlsruhe, qui avait pourtant fait appel à la Cour européenne
pour confirmer ses doutes sur la légalité du programme OMT de la BCE. Les
OMT sont donc légitimes pour la Cour de Justice européenne tant qu’il n’y a pas
d’implication directe du programme dans une assistance financière à un Etat et
tant que la BCE motive ses recours aux OMT. Cette décision sous influence
marginalise encore davantage le discours "hawkish" de Jens Weidmann
qui, parmi les gouverneurs de la BCE, est le seul à contredire ouvertement
la fiction de la "divergence" Euro/Dollars diffusée par la FED et par
le Département d'Etat. En effet, même si la BCE ne compte pas utiliser le
programme OMT, cela lui laisse les mains libres quant au QE et notamment sur la
taille de cet éventuel QE car la CJE stipule dans son communiqué que remettre
en cause le caractère « illimité » de l’OMT remettrait son
efficacité en question. Pour s'assurer que les pseudo-marchés ont bien reçu le
message, le gouverneur italien Visco ne s'est pas fait prier de déclarer que la
zone Euro avait besoin d’un QE massif pour contrer la déflation.
Or, chacun sait que la déflation a bon dos et n'est
en rien responsable des problèmes de la zone mais que son grand défaut est
d'augmenter le niveau des dettes souveraines que seule une inflation soutenue
permet de raboter, vertu insigne à laquelle les politiques sont prêts à tout
sacrifier en intensifiant la seule guerre qui vaille d'être menée : la guerre
au capital.
15 janvier 2015, le coup de tonnerre du sabordage du
franc faible par la BNS : une répétition générale du grand krach ?
Alors que la perspective d'un QE de la BCE avait déjà
été largement absorbée par les cours laissant penser à une possible correction
à la hausse sur l'euro, une nouvelle inattendue allait provoquer le grand
retour d'une volatilité "sauvage" sur la paire Euro/franc suisse
(EUR/CHF): la Suisse abandonnait subitement le cours plancher du
franc suisse face à l'euro qu'elle bloquait à 1.20 depuis 2011.
Ce verrouillage était une des raisons majeures du
maintien du cours de l'euro au dessus de celui du dollar, l'action de la Banque
Nationale Suisse (BNS) pour maintenir le franc suisse à un taux plancher
s'effectuant au prix d'achats massifs d'euros, justifiés par le sophisme
traditionnel de la balance du commerce. Tributaires de la zone euro, les
exportations suisses devaient, d'après les banquiers centraux suisses, être en
mesure de concurrencer les exportations allemandes en zone euro alors que la
valeur de marché du franc suisse, compte tenu des excellent fondamentaux
économiques de la Suisse qui ne doivent rien à son système bancaire, plaident
pour un franc suisse fort qui bénéficierait à la formation du capital donc à
l'investissement.
Confronté à la dégringolade de l'euro et à la
perpective d'une chute plus lourde encore, qui donne à penser à certains
analystes que la BNS auraient disposé d'informations confidentielles sur
l'imminence d'un QE à l'européenne, la BNS a jugé (bien que disposant d'encore
300 milliards d'euro de réserve) qu'elle n'aurait plus les liquidités
suffisantes pour faire face et a jeté l'éponge en catastrophe laissant la
réalité reprendre ses droits, ce qui s'est traduit en deux jours par une chute
vertigineuse de l'euro de quelque 2000 pips par rapport au franc suisse,
qui à la clôture, vendredi 16 janvier, allait jusqu'à passer sous le seuil
de parité à 0.9908 francs suisses pour 1 euro ! Et dire que la BNS avait vaincu
les partisans du oui lors de la dernière votation sur l'or en mettant en avant
la nécessité de sauvegarder l'indépendance de la BNS, moyennant de généreuses
distributions de liquidités pour financer les politiques des cantons. Ces
politiques sociales vont devoir certainement être renforcées compte tenu du
chômage qui risque de frapper les entreprises suisses suite en renchérissement
de leurs produits à l'exportation.
On observera que ce mini-krach ne doit rien au mythe
du capitalisme financier. Où sont "les odieux hedge funds et
autres vautours de la finance" ? s'interroge l'analyste suisse Stéphane
Montabert (http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/archive/2015/01/15/journee-historique-pour-le-franc-suisse.html)
La Suisse apparaît soudain comme un formidable
laboratoire de ce qui pourrait se passer à l'échelle mondiale lors d'une
apocalypse monétaire généralisée (nous entendons naturellement apocalypse dans
son sens étymologique de "révélation"). Dès que les fondamentaux de
l'économie réelle reprennent leurs droits, le capital est récompensé (les
détenteurs de francs suisses sont aujourd'hui 30% plus riches qu'il y a
quelques jours, l'or bondit (l'once d'or en euro est passé de 1043 à 1090
euros); preuve que le capitalisme financier est bien un mythe et les marchés
boursiers qui vivent de la création monétaire ex nihilo sont
bien au contraire les fers de lance de l'anticapitalisme, la bourse
suisse s'est effondrée. "UBS et Crédit suisse cédaient respectivement plus
de 13% et 14% dans un indice SMI qui dévissait de 9,7% à 13h27 jeudi 15
janvier. Du jamais vu depuis 2008" écrit Simone Wapler dans L'Investisseur
Or & Matière premières (http://investisseur-or-matieres.com).
Henri Dunant et Frédéric Passy
Chacun sait que le logo de la Croix-rouge est le
négatif du drapeau suisse, croix rouge sur fond blanc au lieu de la croix
blanche sur fond rouge. On peut se demander si après le krach du 15 janvier, la
Confédération helvétique ne va pas adopter le drapeau d'Henri Dunant.
On ignore, en revanche généralement qu'Henri Dunant
n'avait pas été seul à recevoir ce prix Nobel. Il partagea cette distinction
avec un économiste de l'école française, Frédéric Passy, récompensé pour son
action infatigable en faveur de la paix dans l'esprit de, ses maîtres, Bastiat
et de Cobden, qui avaient organisé le congrès de la Paix de Paris en 1849.
Aliam vitam, alio mores, autres temps, autres moeurs, les Prix
Nobel de la Paix sont désormais des officiers de la guerre au capital...
13 et 14 janvier 2015 : craquements en zone euro
La veille du krach suisse de l'euro, la perspective des élections législatives grecques du 25 janvier pesait toujours sur les anticipations. Les anticapitalistes qui dictent la tendance sur le pseudo-marché des changes (FOREX, devenu le plus grand marché du monde avec un volume journalier équivalent au PIB annuel d'un pays comme l'Allemagne) rêvent en secret que les gauchistes de Syrisa l’emportent, espérant que la vertueuse Allemagne sera ainsi contrainte de renoncer à sa morale budgétaire stricte. Le 13 janvier Benoît Coeuré, un gouverneur français, qui par le passé s'était fait remarquer pour ses positions "hawkish" (haussières) qui tranchaient avec les prises de position "dovish" (baissières) de la France se montre désormais soucieux d'éviter tout mouvement de panique à la hausse en prévenant que les élections grecques n'influenceraient pas le résultat de la décision de la BCE sur le QE prévue pour le 22 janvier. Les pseudo-marchés sont priés de le croire. Comme si l'oracle n'était pas assez nébuleux Coeuré déclare pour faire bonne mesure : « Nous sommes prêt à prendre la décision d’acheter des obligations souveraines dès le 22 janvier, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’il est certain que nous le ferons ».
La veille du krach suisse de l'euro, la perspective des élections législatives grecques du 25 janvier pesait toujours sur les anticipations. Les anticapitalistes qui dictent la tendance sur le pseudo-marché des changes (FOREX, devenu le plus grand marché du monde avec un volume journalier équivalent au PIB annuel d'un pays comme l'Allemagne) rêvent en secret que les gauchistes de Syrisa l’emportent, espérant que la vertueuse Allemagne sera ainsi contrainte de renoncer à sa morale budgétaire stricte. Le 13 janvier Benoît Coeuré, un gouverneur français, qui par le passé s'était fait remarquer pour ses positions "hawkish" (haussières) qui tranchaient avec les prises de position "dovish" (baissières) de la France se montre désormais soucieux d'éviter tout mouvement de panique à la hausse en prévenant que les élections grecques n'influenceraient pas le résultat de la décision de la BCE sur le QE prévue pour le 22 janvier. Les pseudo-marchés sont priés de le croire. Comme si l'oracle n'était pas assez nébuleux Coeuré déclare pour faire bonne mesure : « Nous sommes prêt à prendre la décision d’acheter des obligations souveraines dès le 22 janvier, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’il est certain que nous le ferons ».
EUR/USD journalier : de 1.25 à 1.15, l'euro dégringole de 1000 pips en 27 jours |
Le 14 janvier, deux autres événements allaient
précipiter l'euro jusqu'au niveau symbolique que le BCE lui avait attribué lors
de son lancement en 1999. Tout d'abord, on apprenait la démission du
Président italien, Giorgio Napolitano. L’aversion pour le risque, toujours
favorable au dollar, grandissait en raison du retour de l’incertitude politique
en Italie, qui détient la médaille de bronze des pays les plus endettés du
monde.
Cette nouvelle s'ajoutait à celle de la validation
par la Cour de justice européenne du programme OMT (Opérations Monétaires sur
Titres, euphémisme qui désigne les programmes d'achats de la BCE qui permettent
de contourner l'interdiction statutaire de monétiser les dettes souveraines).
Cette validation va à l'encontre du sentiment de la Cour constitutionnelle
allemande de Karlsruhe, qui avait pourtant fait appel à la Cour européenne
pour confirmer ses doutes sur la légalité du programme OMT de la BCE. Les
OMT sont donc légitimes pour la Cour de Justice européenne tant qu’il n’y a pas
d’implication directe du programme dans une assistance financière à un Etat et
tant que la BCE motive ses recours aux OMT. Cette décision sous influence
marginalise encore davantage le discours "hawkish" de Jens Weidmann
qui, parmi les gouverneurs de la BCE, est le seul à contredire ouvertement
la fiction de la "divergence" Euro/Dollars diffusée par la FED et par
le Département d'Etat. En effet, même si la BCE ne compte pas utiliser le
programme OMT, cela lui laisse les mains libres quant au QE et notamment sur la
taille de cet éventuel QE car la CJE stipule dans son communiqué que remettre
en cause le caractère « illimité » de l’OMT remettrait son
efficacité en question. Pour s'assurer que les pseudo-marchés ont bien reçu le
message, le gouverneur italien Visco ne s'est pas fait prier de déclarer que la
zone Euro avait besoin d’un QE massif pour contrer la déflation.
Or, chacun sait que la déflation a bon dos et n'est
en rien responsable des problèmes de la zone mais que son grand défaut est
d'augmenter le niveau des dettes souveraines que seule une inflation soutenue
permet de raboter, vertu insigne à laquelle les politiques sont prêts à tout
sacrifier en intensifiant la seule guerre qui vaille d'être menée : la guerre
au capital.
15 janvier 2015, le coup de tonnerre du sabordage du
franc faible par la BNS : une répétition générale du grand krach ?
Alors que la perspective d'un QE de la BCE avait déjà
été largement absorbée par les cours laissant penser à une possible correction
à la hausse sur l'euro, une nouvelle inattendue allait provoquer le grand
retour d'une volatilité "sauvage" sur la paire Euro/franc suisse
(EUR/CHF): la Suisse abandonnait subitement le cours plancher du
franc suisse face à l'euro qu'elle bloquait à 1.20 depuis 2011.
Ce verrouillage était une des raisons majeures du
maintien du cours de l'euro au dessus de celui du dollar, l'action de la Banque
Nationale Suisse (BNS) pour maintenir le franc suisse à un taux plancher
s'effectuant au prix d'achats massifs d'euros, justifiés par le sophisme
traditionnel de la balance du commerce. Tributaires de la zone euro, les
exportations suisses devaient, d'après les banquiers centraux suisses, être en
mesure de concurrencer les exportations allemandes en zone euro alors que la
valeur de marché du franc suisse, compte tenu des excellent fondamentaux
économiques de la Suisse qui ne doivent rien à son système bancaire, plaident
pour un franc suisse fort qui bénéficierait à la formation du capital donc à
l'investissement.
Confronté à la dégringolade de l'euro et à la
perpective d'une chute plus lourde encore, qui donne à penser à certains
analystes que la BNS auraient disposé d'informations confidentielles sur
l'imminence d'un QE à l'européenne, la BNS a jugé (bien que disposant d'encore
300 milliards d'euro de réserve) qu'elle n'aurait plus les liquidités
suffisantes pour faire face et a jeté l'éponge en catastrophe laissant la
réalité reprendre ses droits, ce qui s'est traduit en deux jours par une chute
vertigineuse de l'euro de quelque 2000 pips par rapport au franc suisse,
qui à la clôture, vendredi 16 janvier, allait jusqu'à passer sous le seuil
de parité à 0.9908 francs suisses pour 1 euro ! Et dire que la BNS avait vaincu
les partisans du oui lors de la dernière votation sur l'or en mettant en avant
la nécessité de sauvegarder l'indépendance de la BNS, moyennant de généreuses
distributions de liquidités pour financer les politiques des cantons. Ces
politiques sociales vont devoir certainement être renforcées compte tenu du
chômage qui risque de frapper les entreprises suisses suite en renchérissement
de leurs produits à l'exportation.
On observera que ce mini-krach ne doit rien au mythe
du capitalisme financier. Où sont "les odieux hedge funds et
autres vautours de la finance" ? s'interroge l'analyste suisse Stéphane
Montabert (http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/archive/2015/01/15/journee-historique-pour-le-franc-suisse.html)
La Suisse apparaît soudain comme un formidable
laboratoire de ce qui pourrait se passer à l'échelle mondiale lors d'une
apocalypse monétaire généralisée (nous entendons naturellement apocalypse dans
son sens étymologique de "révélation"). Dès que les fondamentaux de
l'économie réelle reprennent leurs droits, le capital est récompensé (les
détenteurs de francs suisses sont aujourd'hui 30% plus riches qu'il y a
quelques jours, l'or bondit (l'once d'or en euro est passé de 1043 à 1090
euros); preuve que le capitalisme financier est bien un mythe et les marchés
boursiers qui vivent de la création monétaire ex nihilo sont
bien au contraire les fers de lance de l'anticapitalisme, la bourse
suisse s'est effondrée. "UBS et Crédit suisse cédaient respectivement plus
de 13% et 14% dans un indice SMI qui dévissait de 9,7% à 13h27 jeudi 15
janvier. Du jamais vu depuis 2008" écrit Simone Wapler dans L'Investisseur
Or & Matière premières (http://investisseur-or-matieres.com).
Le laboratoire suisse de
l'apocalypse monétaire nous rappelle que les pseudo-marchés sont un jeu de
dominos. Ainsi vendredi 16 à la mi-journée, on apprenait que la chute de l'euro
par rapport au franc suisse avait suscité un vent de panique en Pologne où
environ 40% des crédits immobiliers sont libellés en francs suisses
représentant un volume de quelque 31 milliards d'euros, selon la Commission
polonaise de surveillance des banques. D'après les experts, si la
situation actuelle devait persister, la traite mensuelle pour un crédit
immobilier moyen de 300.000 zlotys, soit 69.000 euros augmentera de quelques
200-300 zlotys, soit 46-69 euros (source Le Figaro).
Si l'ouragan ne touchait que
la Pologne "c'est-à-dire nul part", comme disait Jarry dans Ubu
roi, les investisseurs feraient contre mauvaise fortune bon coeur mais
l'oeil du cyclone ne devrait pas tarder à se déplacer sur une France confite
dans une pose antiterroriste qui l'invite à mettre entre parenthèse la
réduction de ses déficits, sans cesse repoussée à ce "temps
considérable" des calendes grecques. Les autruches de Bercy, qui
fanfaronnent à chaque émission d'OAT (Obligations Assimilables au Trésor) sur
la faiblesse des taux consentis à la France, oubliaient de nous préciser que la
bonne santé de nos emprunts étaient due essentiellement aux achats massif
d'obligations françaises par la BNS. La perspective d'une dégradation, prélude
à un éventuel défaut de la France, prend forme à moins d'un QE massif de la BCE
qui noierait le poisson pour quelques mois encore. Encore un crédit pour
l'agence France Trésor, monsieur le bourreau !
EUR/CHF journalier : la longue bougie baissière correspond à la journée du 15 janvier |
Mais le pire n'est pas
toujours sûr. Le krach du franc faible, outre qu'il pourrait propulser l'or à
un niveau plus conforme à sa valeur, annonce peut-être, une apocalypse
(une révélation) du capital pour ceux, notamment les plus démunis, qui le
désignait comme leur pire ennemi. On est alors en droit d'espérer que le
laboratoire suisse serve de modèle et que le retour en force de la volatilité
inaugure un retour du capital, qui est pour l'instant l'arlésienne des crises
financières. En effet, il est évident qu'en cas de nouvelle crise qui serait la
réplique puissance 10, 100 ou 1000, de celle de 2008, les actifs de la Fed
seraient insuffisants pour absorber le choc, à l'image de ceux de la BNS, car
depuis 2008, en raison de l'interventionnisme des banques centrales, le tableau
de la planète financière, loin de s'assainir, s'est noirci dans la mesure où
les actifs toxiques se sont multipliés et que les dettes souveraines ont flambé
(les "crash tests" bancaires sont des farces car les actifs les
plus toxiques, les obligations d'Etat, demeurent hors bilan en raison non pas
de la prédation capitaliste mais des exigences de la réglementation
néo-socialiste fondée sur la spoliation légale du capital). Aucun plan
Paulson ne sera assez doté pour empêcher l'effondrement de la haute
finance néo-socialiste... mais on ne doute pas que nos journalistes et nos
économistes seront à leur poste pour nous répéter à l'envi que cette énième
crise du capitalisme est la crise de trop et qu'il serait
temps de militer pour le "retour du politique" et "la moralisation
du capitalisme".
Ceux qui ont eu la patience
de me lire jusqu'ici et qui souhaiteraient commencer à réfléchir sur ce capital
dont nous ne savons plus rien, ont toujours la ressource de lire ma modeste
contribution, Le Capital I L'invention du capitalisme, premier
livre d'une série de quatre (un de plus que Marx) que je vais tenter de
consacrer au capital et qui est disponible en librairie depuis ce même 15
janvier qui a vu l'abandon du cours plancher du franc suisse par la BNS...
heureux présage ?
Le premier livre du Capital, disponible en librairie et sur Amazon depuis le 15 janvier Michel LETER,
Paris, le 18 janvier 2015
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